Nombreux sont ceux qui tombent sous le charme du crédit à la consommation. Les sociétés de crédit dont les leaders sur le marché marocain sont Wafa Salaf, Eqdom et Sofac Crédit, qui redoublent d'efforts en matière de communication et de publicité, omettent d'évoquer l'essentiel. A commencer par les taux d'intérêt réellement appliqués. Une voiture flambant neuve, payable par petites tranches, un canapé douillé qui promet des soirées agréables devant sa télé, sans frais, un ordinateur aussi indispensable qu'inaccessible, mais qui comme par magie, devient une affaire de quelques centaines de dirhams…par mois, des vacances de rêves, remboursables dans les six mois qui suivent… Des « plaisirs » qui ne se refusent pas. Un simple crédit contracté dans l'agence bancaire la plus proche ou les maisons de crédit qui fusent de jour en jour. Remplir un dossier, présenter quelques papiers suffit à avoir un crédit. La procédure est simple, la réponse ne tarde pas à venir. Mais ce qui suit est bien plus compliqué. Se défaire d'une solution qui se meut la plupart du temps en un grave problème prend beaucoup plus de temps que prévu. Les enjeux financiers suscités par ce mode de financement aiguisent bien des appétits, tant du côté des magasins que de celui des organismes de crédit, sans parler du consommateur. Mais les conséquences sont souvent fâcheuses. Même si le crédit est utilisé avec précaution et apporte un confort économique non négligeable, il n'en est pas moins lourd à assumer. Surtout que les « failles» relatives à sa pratique ne manquent pas. Les sociétés de crédit à la consommation, dont les principaux acteurs sont Eqdom, leader en matière de crédit aux particuliers, et Sofac Crédit, spécialisé en crédit-auto, sortent le grand jeu quand il s'agit de séduire. Toutes les occasions sont bonnes, y compris l'Aid al Adha, pour attirer de nouvelles «proies». Remboursements différés, tombolas, réponses plus rapides… De véritables campagnes sont menées tambour battant et à chaque occasion. Mais le plus important est occulté par ces sociétés. A commencer par les publicités sur les offres de crédit, dont la plupart est tout simplement illicite. Les taux d'intérêt affichés ne sont jamais les mêmes au moment du remboursement. Si les messages publicitaires mettent l'accent sur des taux défiant toute concurrence ou sur la gratuité des frais de dossier, elles omettent d'indiquer le taux effectif global (TEG), qui comprend le taux de base et les frais obligatoires liés au prêt. Il peut arriver aussi qu'un taux d'intérêt évolue au fur et à mesure des remboursements, ce que se garde bien de préciser le vendeur lors de la signature du contrat. En flirtant avec 14 % dans certains cas, ces taux se rapprochent des taux d'usure. Pour Wafasalaf, passée premier sur le marché, la promotion ne manque pas. Des campagnes de publicité certes dynamiques ont lieu ponctuellement, mais elles sont marquées par les mêmes manquement que le reste. A cela, s'ajoutent les critères même de sélection des dossiers et qui privilégient les fonctionnaires, une catégorie sans risque puisque les traites sont relevées à la source, tout en excluant bien d'autres catégories socio-professionnelles. Pour les fonctionnaires, le statut privilégié n'est pas accompagné d'une baisse conséquente des taux d'intérêt. L'évolution de tout le secteur du crédit à la consommation a été ralentie ces dernières années par une multitude de problèmes, tels que le surendettement des fonctionnaires, la problématique du TEG, le surendettement des ménages en général et des fonctionnaires en particulier a été un véritable casse-tête pour toute la profession. Mais ce n'est pas toujours la faute à l'emprunteur. Exemple : en innovant sur le registre du crédit revolving, à travers la carte Ok, Wafasalaf a également péché par omission. Cette technique de démarchage pour le moins agressive cache une réalité nettement moins angélique (taux fluctuant, crédit accordé d'office quand ce n'est pas à l'insu du consommateur, renouvellement année après année du crédit, sans avis express du consommateur, etc). Le concept, a de surcroît, montré ses limites sous d'autres cieux, notamment en France où une bonne moitié des ménages vit sous le poids d'un ou plusieurs crédits. Cela se passe dans un pays où l'on dispose d'une base de données sur les contentieux ou la non-fiabilité des informations disponibles, ce qui rend moins difficile une bonne sélection du risque. Au Maroc, on est encore loin du compte. L'exactitude du contrat, que le consommateur, pris par les sirènes d'un certain confort, signe allégrement est également à vérifier. En France, 30 % des contrats soumis aux juges sont déclarés nuls pour cause d'irrégularités. Et ce dans un contexte français certes plus souple mais plus ferme quand il s'agit de l'application de la loi. Encore une fois, la comparaison s'impose. Une meilleure transparence de la publicité s'impose. Mais il y a aussi les primes, les avantages et les remises accordées en échange d'un crédit qui sont à revoir, ainsi que la commission versée par l'organisme au vendeur pour le placement d'un crédit. Reste un autre critère de taille, celui de la relation prêteur-emprunteur qui doit régner. Mais pour en arriver là, il faudra peut-être attendre.