La banque centrale a tenu, mardi 4 mars, sa réunion annuelle avec la presse. Une occasion pour passer en revue les dispositions mises en place en 2007, mais aussi de brosser un tableau de perspectives pour 2008. Le même son de cloche vient d'être donné par le Gouverneur de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, celui de l'urgence. L'urgence qui s'impose au système bancaire pour être à même de faire du Maroc une place financière internationale. Convaincu que tous les progrès «accomplis par les acteurs du secteur financier et les avancées institutionnelles et réglementaires réalisées tendent à indiquer que mutadis mutandis, l'ambition de faire de notre pays une plate-forme internationale n'est pas irréaliste», comme il l'a indiqué lors de la rencontre annuelle organisée par la banque centrale avec la presse, mardi 4 mars dans les locaux du siège de Bank Al-Maghrib. Néanmoins, cela ne pourra se faire sans concessions, ni sans efforts redoublés, d'ailleurs. En ce sens que M. Jouahri met l'accent sur le fait que «cela suppose que nous saisissions le momentum avec un certain sens de l'urgence car la concurrence en ce domaine est vive». Trançant les perspectives de la banque centrale, le gouverneur a abordé les points relatifs à l'inflation, expliquant que BAM tend vers un régime de ciblage du niveau de vie, mais aussi vers un régime de change plus flexible. «Nous continuerons également, en 2008, nos efforts pour affiner l'ensemble des composantes du processus de prise de décision de la politique monétaire», le but étant, justement, de préparer le terrain à cette stratégie de ciblage qui concernera l'inflation. S'agissant des changes, et au-delà du régime de libéralisation tracé en août 2007, Bank Al-Maghrib en concertation avec le Ministère des Finances, part de son système de suivi mis en place pour mesurer les retombées de ces nouvelles mesures et prévoit «de nouveaux ajustements graduels qui seront réalisés afin de bien préparer le passage à un régime de change», spécifie M. Jouahri. L'objectif, arriver à un régime de change «plus flexible et plus cohérent avec le degré d'ouverture de notre économie», ajoute-t-il. Au programme également, un bilan de la conduite monétaire en 2007. Dans ce contexte, Abdellatif Jouahri a évoqué l'excédent structurel en liquidités dont justifiaient les trésoreries bancaires depuis l'année 2000, et qui a cédé sa place à un déficit croissant en liquidités. Cette situation, d'ailleurs, ayant été déclenchée par «l'augmentation des réserves à constituer, l'accélération des opérations de cession de devises et de l'augmentation tendancielle de la circulation fiduciaire», explique-t-on à Bank Al-Maghrib. Il s'agit, entre autres, aussi de la courbe descendante qu'ont affiché les réserves de change, en relation avec la croissance des opérations de cessions de devises. Dans un contexte macroéconomique, les actions de la banque centrale ont pour finalité ont fait face à la tension qui a pesé sur les marchés internationaux, et également la flambée des cours de l'or noir. Sur ce registre, BAM , afin de freiner cette multiplication d'achats de devises, qui a été derrière la baise des réserves de change et a aggravé le déficit de liquidité sur le marché monétaire, en limitant les injections de liquidités sur le marché, induisant le recours des banques aux avances à 24 heures entre la mi-octobre et la mi-novembre. Autant d'éléments qui rejoignent les commentaires préalablement avancés par Abdellatif Jouahri, à ALM. Pour lui, le système financier, si l'on compare l'année 2002 et 2007, montre que l'année dernière était celle du changement total de la donne, puisque le Maroc a connu un renforcement de ses structures, et s'appuie actuellement sur un système bancaire stable et rentable, à tel point qu'il est devenu une référence de benchmark dans la région MENA.