L'un des nœuds que recèle cette affaire est bel et bien là : il ne s'agit plus de jeunes manipulés mais de personnes de milieux aisés «habitées» par une idéologie monstrueuse. Depuis quelques jours, nous sommes tous suspendus aux infos qui nous parviennent via la presse, les radios ou les télévisions. Et chacun y va de son commentaire ! Personnellement, c'est la réaction de la rue, de la population, de la jeunesse qui me semble être au diapason du choc. Là pas de grandes tirades, pas de doute distillé, pas de double discours…. tout simplement l'expression d'une légitime inquiétude et d'une condamnation sans équivoque. Le choc passé, la réflexion la plus souvent entendue est «mais que nous veulent-ils ? Ne nous laisseront-ils jamais tranquilles ?», s'ensuivent souvent toute la tirade des «noms d'oiseaux» dont notre langue est si riche pour désigner ces «ouled el haram», puis enfin les analyses qui tournent autour du fait que cette fois-ci il ne s'agit plus de «jeunes issus de quartiers défavorisés», que maintenant ne peuvent être évoqués la misère morale, la pauvreté, la mal-vie, le bourrage de crâne… et que ce sont des politiques, des gens instruits, des personnes jouissant d'une bonne intégration dans la société… qui aujourd'hui sont impliqués dans ce terrorisme rampant. Certains observateurs et analystes seraient bien inspirés d'écouter la voix qui émane de notre population, le vieux «bon sens populaire», loin des positionnements de circonstance, et qui reflètent le choc causé par le démantèlement de ce réseau terroriste. Car effectivement, l'un des nœuds (et il y en a beaucoup) que recèle cette affaire est bel et bien là : il ne s'agit plus de jeunes manipulés mais de personnes de milieux aisés «habitées» par une idéologie monstrueuse. Il ne s'agit pas de dresser une hiérarchie dans la dangerosité car-tous- relèvent de la même hydre monstrueuse, il s'agit bien évidemment de prendre conscience que nous devons savoir que parmi nous, à côté de nous, au milieu de nous, vivent des gens prêts à tuer, à détruire… et qu'il nous faut combattre. Une autre réflexion souvent entendue au sein de la population et malheureusement très peu lue dans les journaux: le coup de chapeau rendu à nos «services» et à notre police. Ce qui est tout de même la moindre chose, car si le pire est évité, si les plans de ces terroristes ont été déjoués, c'est bien grâce au travail et à la vigilance de ceux qui ont pour mission de nous protéger. On peut d'ores et déjà souligner le relais pris par la presse, par les politiques, par le ministre de l'Intérieur pour informer, dénoncer, débattre, mais la question peut se poser de la réaction – ou plutôt de l'absence de réaction – de notre élite intellectuelle et de la société civile. Je me souviens de «Matquich Bladi» qui avait suivi les attentas du 16 mai 2003, une nouvelle initiative aujourd'hui ne serait-elle pas la bienvenue ? On ne peut durablement laisser seul l'Etat en face de l'hydre terroriste, et un sursaut national à la hauteur du choc ressenti est nécessaire. D'ores et déjà, de nombreux jeunes du mouvement associatif ont ressorti le T-shirt «Matquich Bladi». Soyons tous au diapason !