Les chiffres publiés, lundi par Eurostat, montrent une baisse de la production industrielle dans la zone euro, et les économistes redoutent un ralentissement de la croissance La production industrielle de la zone euro a baissé moins fortement qu'attendu en novembre, montrent les chiffres publiés par Eurostat lundi, mais les économistes s'attendent à un ralentissement de la croissance et mettent en garde la Banque centrale européenne contre une hausse des taux destinée à prévenir l' inflation . La production des 13 pays utilisant l'euro en novembre a baissé de 0,5% sur le mois par rapport à octobre, mais affiche une hausse de 2,7% en rythme annuel. Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une baisse plus marquée, de 0,8%, et une hausse de 2,8% sur un an. «Même si la production industrielle de la zone euro s'est contractée moins qu'on ne le redoutait en novembre, une baisse de 0,5% d'un mois sur l'autre n'en reste pas moins une performance décevante», estime Howard Archer, économiste de Global Insight. Des statistiques publiées la semaine dernière ont déjà montré que les ventes au détail dans la zone euro avaient été inférieures aux attentes en novembre, provoquant un repli de l'euro face au dollar en dépit du discours offensif de la BCE. Face au ralentissement de la demande étrangère, conséquence du ralentissement aux Etats-Unis et de la vigueur de l'euro, la demande intérieure a été l'un des principaux moteurs de la croissance des Treize au troisième trimestre, mais des indicateurs récents ont montré des signes de détérioration de la confiance des ménages. Eurostat a par ailleurs révisé à la hausse les chiffres de la production d'octobre, à +0,5% d'un mois sur l'autre et à +4,1% en rythme annuel, contre +0,4% et +3,8% annoncés dans un premier temps. Certains économistes estiment que la production sur l'ensemble du quatrième trimestre apparaît ainsi davantage médiocre que désastreuse. «Si vous regardez les trois ou quatre derniers mois, la situation stagne. (Les chiffres sont) le reflet du ralentissement de l'économie», estime Christoph Weil, économiste Europe chez Commerzbank. Samedi, le président de l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a déclaré que la croissance de la région pourrait ralentir à 1,8 ou 1,9% cette année contre 2,6% en 2007, alors que la prévision initiale pour 2008 était de 2,2%. Les chiffres les plus récents, tout en confirmant le scénario d'un ralentissement de la zone euro, mettent en évidence le dilemme auquel est confronté la BCE. Alors que l'inflation est montée à 3,1% en rythme annuel en novembre, nettement au-dessus du plafond de 2% que s'est fixé la BCE, les économistes s'attendent à ce que la banque centrale laisse ses taux d'intérêt inchangés pendant une bonne partie de l'année en raison du ralentissement de l'activité. La production industrielle a baissé en novembre dans les quatre plus importantes économies de la zone euro - Allemagne, France, Italie et Espagne - et dans tous les secteurs à l'exception de l'énergie et des biens de consommation non-durables. Seuls la Grèce, la Finlande et les Pays-Bas ont enregistré une hausse de leur production industrielle parmi les membres de la zone euro.