Pour le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, le Sommet du CCG à Doha est une opportunité pour se réconcilier avec ses adversaires. Mais, il ne s'agit pas d'accepter une quelconque sanction. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad que la communauté internationale, Etats-Unis et France en tête, essaient d'isoler et de sanctionner pour l'empêcher de développer la technologie nucléaire à usage militaire, ne pouvait rêver de meilleure occasion pour déployer sa contre-diplomatie et son offensive de charme lors du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui se tient à Doha. Les membres du CCG (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Koweït, Bahreïn, Oman et Qatar) ont pris la décision politique de dérouler le tapis rouge devant le leader iranien malgré le dur bras de fer qui l'oppose à la communauté internationale. Il s'agit d'une première historique depuis la création du CCG en 1981. Etant donné les relations politiques et militaires structurelles qui lient l'Administration Bush aux différentes monarchies du CCG, il n'est pas exclu que cette invitation soit lancée à Ahmadinejad en concertation étroite avec les diplomates américains comme une tentative supplémentaire d'essayer de le convaincre de composer davantage avec les instances chargées de contrôler son activité nucléaire. L'explication la plus claire donnée à cette invitation ainsi que son objectif déclaré furent résumés par le ministre émirati des Affaires étrangères, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane lorsqu'il affirme que : «Les Etats du CCG suivent de près le dossier nucléaire iranien, qui les inquiète pour les conséquences politiques et en matière de sécurité du bras de fer entre l'Iran et la communauté internationale mais aussi pour le danger écologique que représente le programme pour la région s'il ne respecte pas les normes internationales» et de formuler le but recherché de cette démarche originale : «Nous souhaitons un règlement (...) par un dialogue sérieux qui prend en considération les intérêts de toutes les parties, y compris ceux des voisins de l'Iran». Cette participation d'Ahmadinejad au sommet de Doha intervient alors qu'une rencontre remarquée entre le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana et du négociateur iranien Saïd Jailli à Londres fut présentée comme un flagrant échec, «un désastre» pour reprendre le terme largement utilisé. Elle fut suivie immédiatement par une réunion à Paris des représentants des six pays engagés dans le traitement de la crise du nucléaire iranien ( les cinq pays membres du Conseil de sécurité, plus l'Allemagne). Ces pays ont préparé à Paris les contenus d'une troisième résolution imposant de nouvelles sanctions contre l'Iran pour l'obliger à abandonner son programme d'enrichissement d'uranium. Le ministère des Affaires étrangères français a résumé l'esprit et les chances de succès de cette démarche : «Ce sera une résolution de compromis» entre les pays occidentaux qui prônent la fermeté face à l'Iran et ceux -la Chine et la Russie- qui sont plus réticents face à des sanctions dures. Ce à quoi un porte-parole iranien à répondu: «Si ces puissances cherchent à priver l'Iran de ses droits, les résolutions et les sanctions seront stériles». Avant de se rendre à Doha, le président iranien Ahmadinejad a tenu à marquer ce moment historique. Pour lui : «Il semble qu'un nouveau chapitre de la coopération se soit ouvert dans le Golfe persique» et se présente comme porteur de propositions «pour l'expansion de la coopération et des garanties de sécurité pour la région». Il paraît acquis aujourd'hui que le Iraniens vont utiliser la tribune de Doha pour sortir de l'isolement dans lequel l'active et déterminée diplomatie franco-américaine les a parqués. Téhéran a sans aucun doute été très sensible à la tonalité de nombreux éditorialistes de la presse américaine qui ont tenté de présenté la réunion d'Annapolis comme une rencontre destinée moins à faire avancer la paix entre Israéliens et Palestiniens que comme une tentative américaine de cimenter un front arabe anti-iranien, jouant sur les peurs des monarchies du Golfe de voir l'Iran étaler sa suprématie et son leadership sur la région par l'acquisition de l'arme nucléaire. Ce sont ces mêmes craintes que le président Ahmadinejad est chargé d'apaiser à Doha.