Khalid Naciri, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, révèle à ALM des aspects cachés de sa personnalité. Entretien. ALM : Vous êtes militant dans un parti politique, vous avez milité pour la protection des droits de l'Homme dans différentes organisations, aujourd'hui vous avez intégré le pouvoir exécutif. Que signifie pour vous ce changement ? Khalid Naciri : je ne suis pas dans l'«autre camp», parce que je ne considère l'action au sein du gouvernement ni comme un basculement ni encore moins, comme un reniement. Je militais pour des idéaux et des valeurs, d'abord à l'opposition, puis au sein de la société civile, et aujourd'hui, je continue de militer sur le front gouvernemental. Considérant que l'action du gouvernement s'inscrit dans la même logique des réformes pour lesquelles je m'investis intellectuellement, je ne ressens aucune «rupture». Tout au plus, une continuité, sur un autre registre. Où est-ce que vous avez passé votre enfance ? Je suis né au quartier Derb Sultan où j'ai passé mon enfance en partie. Une autre partie je l'ai vécue au quartier de l'Ermitage, puis retour à la Nouvelle Médina. J'ai fait l'essentiel de mes études secondaires au lycée Lyautey, puis au lycée Mohammed V à Casablanca. Puis mes études supérieures à la Faculté de droit de Casablanca, (qui, à l'époque, était installée dans les locaux de la CTM, rue Léon l'Africain). Vous aviez quel âge lorsque vous vous êtes engagé, pour la première fois, dans l'action politique et quels ont été vos débuts de militant ? J'avais 20 ans quand j'ai commencé une activité politique «informelle». Mais j'ai rejoint le PPS (qui à l'époque était le Parti communiste) en 1968. J'avais alors 22 ans.En tant que jeune militant ayant adhéré au parti, à la Faculté de droit j'étais naturellement mobilisé en milieu étudiant. L'UNEM, qui était alors très marquée à gauche, était l'espace naturel de l'action politique des membres de notre parti. Vous avez toujours milité au sein du PPS (PCM, PLS) ? Oui, je n'ai jamais changé de parti. Mes convictions politiques me l'interdisaient. Quels sont les faits qui vous ont le plus marqué lors de vos débuts dans la politique, et ceux qui ont marqué votre carrière plus tard ? Mes débuts en politique, à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix étaient alors marqués par la période historique de la répression contre les forces démocratiques et progressistes. Entrer dans un parti politique était d'abord un acte moral de très haut niveau. Il n'y avait aucun «utilitarisme» dans l'intégration d'un parti, aucun opportunisme. Militer, signifiait donner le plus clair de son temps à l'engagement. C'était se sacrifier totalement pour une cause. En ce qui me concerne, j'ai vite été happé dans l'action, une fois ma licence achevée. Jeune avocat, j'étais naturellement aux premières loges de l'action de la défense des militants. À l'époque, il ne faut pas l'oublier, c'était la saison des grands procès politiques. Je ne chômais pas. À quel âge avez-vous lu Marx pour la première fois et quelles sont vos lectures préférées ? Marx, je l'ai lu pour la première fois à 19 ans. Et j'ai alors découvert dans sa pensée, une profondeur et une générosité exceptionnelles. Actuellement, je m'intéresse aux biographies et à la réflexion sur l'histoire de l'humanité et des peuples. Quel est le dernier livre que vous avez lu et le dernier film que vous avez vu ? Le dernier livre lu est une anthologie des droits de l'Homme. Le dernier film est «Islamour» de Saâd Chraïbi. Où a été votre dernier voyage privé ? Mon dernier voyage privé : il y a un peu plus d'un an au Portugal pour dix jours de vacances avec ma famille. Quel pays ou région du Maroc vous aimez visiter le plus ? La région du Moyen Atlas, en particulier Ifrane et Azrou. Quel genre de cuisine vous appréciez et quel est votre plat préféré ? La cuisine marocaine parce qu'elle est excellente et parce qu'elle reflète une culture profonde. Mon plat préféré reste le couscous Quel sport vous aimez ? La natation et le jogging. Quel est le fait qui vous a le plus marqué depuis que vous êtes ministre ? Un rythme de vie effréné et une journée de 24 heures insuffisante pour faire tout le travail. Que pourriez-vous nous dire de l'épisode ISA ? L'épisode ISA a été un moment exaltant et particulièrement dense dans ma vie professionnelle. Les débuts n'ont pas toujours été simples car il s'agissait de tout créer à partir de zéro. Cette période a été utilisée par beaucoup pour régler malhonnêtement des comptes avec moi. Ce n'était pas très élégant, mais j'ai laissé faire. Aujourd'hui l'ISA a acquis droit de cité. C'est une institution désormais incontournable dans l'espace de la formation pour la haute fonction publique. Je suis fier d'en avoir été le premier directeur.