Au troisième jour du Ramadan, Naïma a décidé d'assassiner son ex-mari. Mobile : son refus de payer la pension alimentaire de son enfant. Après le grand amour, la haine et le meurtre. Le crime s'est produit, ce matin du troisième jour du Ramadan, à Fkih Ben Saleh. Les amis et les voisins de Naïma et d'Ahmed se souviennent de leur relation amoureuse qui donnait l'impression qu'ils ne pouvaient jamais se séparer. Un amour si grand et si fort qui a fini par devenir l'exemple du couple qui rêve de vivre dans le bonheur toute sa vie. Après une grande cérémonie de mariage Naïma et Ahmed se sont retrouvés sous le même toit. Toujours aussi attachés l'un à l'autre, leur vie quotidienne suscitait l'envie de tous. Leur foyer s'est égayé d'un nouveau-né : un garçon qui devait, en principe, consolider leur relation amoureuse. Mais, les choses ne se sont pas déroulées ainsi. Toute leur vie a été chamboulée comme s'il ne s'agissait que d'un mirage, d'une mise en scène, de faux sentiments. Et il ne s'agissait même pas d'une brume qui passait et allait, dans un laps de temps, céder la place au soleil. Naïma et Ahmed se sont tourné le dos et l'un ne supportait plus l'autre. Naïma et Ahmed étaient devenus des ennemis. Mais, pourquoi ? Personne ne savait au juste pour quelle raison leurs comportements ont changé brusquement. Les mauvaises langues parlaient de sorcellerie. Naïma, en tout cas, ne voulait plus continuer à vivre sous le même toit que son mari. Elle a commencé à provoquer Ahmed par lui imposer de la répudier. Leurs parents, voisins et amis sont intervenus pour empêcher que l'irréparable ne se produise. Ils les appelaient à se réconcilier pour que leur enfant soit élevé et puisse grandir dans une famille saine et équilibrée. Malheureusement, personne n'est arrivé à empêcher l'écroulement du foyer. Et le divorce a eu lieu en 2001, pour mettre fin à une histoire d'amour qui aura duré plus que la durée du mariage. Depuis, un autre barrage s'est dressé face à ce couple séparé : la pension alimentaire. Naïma a gardé l'enfant, mais avait absolument besoin de cette pension pour subvenir à ses besoins. D'une plainte à l'autre et d'une citation directe à une autre indirecte et d'une procédure administrative à une autre pénale… sans solution. Bref, Ahmed ne voulait verser aucun sou ni à son ex-femme ni à son unique enfant. Naïma a recouru à la procédure de la contrainte par corps pour l'obliger à payer la pension alimentaire. Sinon, il pourra bien se retrouver en prison. Pris de panique, Ahmed a téléphoné à son ex-femme pour lui demander de ne plus aller chez les gendarmes pour les aviser du retard de paiement de la pension et de se rencontrer pour trouver une solution. Naïma a refusé au départ de le rencontrer. Mais, Ahmed a insisté au point qu'elle a fini par changer d'avis. Le 16 septembre, le matin du dimanche, troisième jour du Ramadan, elle devait voir Ahmed. Et pour cela, elle s'est fait accompagner par son frère. Tous les trois, réunis dans un coin du quartier Mabrouka, ont commencé à discuter de la durée durant laquelle Ahmed doit payer la somme accumulée de la pension alimentaire. La tension montait et les esprits s'échauffaient cédant la place aux échanges d'accusations, puis aux injures. Tout d'un coup, selon les témoins, le frère de Naïma a sorti un couteau. Alors que Naïma et son frère ont affirmé que le couteau appartenait à Ahmed qui le dissimulait sous sa veste. Ce qui est sûr, c'est que les deux hommes ont commencé à se bagarrer devant la foule. D'un coup de poing à un coup de ciseau et d'un coup de pied à un coup de tête, la rixe devenait de plus en plus violente. Pour y mettre un terme, Naïma a saisi le couteau qui était tombé par terre et a asséné deux coups mortels à son ex-mari. Ahmed y a laissé la vie. Naïma et son frère, qui n'ont pas quitté les lieux, ont été arrêtés et traduits devant la justice. Et l'enfant est resté entre les mains de sa grand-mère, sans père, ni mère et encore moins de pension alimentaire.