Mohamed El Jem, visage habituel de l'humour ramadanesque, fait cette année preuve d'audace et crée la surprise sur Al Aoula en se lançant dans le talk-show. L'idée ne manque pas de séduire le public. Portrait d'un comédien au parcours particulièrement sérieux. Mohamed El Jem sort cette année des sentiers battus de l'humour ramadanesque et nous offre un concept inédit : Jwa Men Jem. Il s'agit d'une parodie de talk-show avec un présentateur inattendu (qui n'est autre que Mohamed El Jem), des invités déjantés et des faux reportages sur le terrain. Le tout agrémenté de musique live. Le concept semble marcher. Jwa Men Jem arrive effet à conquérir les téléspectateurs et Mohamed El Jem ne faillit ainsi pas à sa réputation d'humoriste particulièrement adulé par les Marocains : «certains ont réprouvé mon choix pour cette année, arguant que je souhaitais me rapprocher d'avantage de la jeune génération et que ce n'était plus de mon âge. Mais je peux leur dire qu'il en est rien. J'ai récemment rencontré un très vieil homme qui m'a longuement félicité pour mon show de cette année. La preuve est que ma prestation est favorablement accueillie par le public marocain. Ça me rassure», confie l'artiste, une pointe de fierté dans la voix. Ainsi, et après 37 ans de métier, Mohamed El Jem n'hésite toujours pas à explorer de nouvelles pistes et à se mettre dans la peau de nouveaux personnages. Et il faut dire que ça marche toujours aussi bien. Mais pour en arriver-là, il a dû franchir un long et non moins fructueux parcours du combattant. L'acteur, d'origine doukkalie mais qui est né à Salé en 1948, a en effet une longue expérience derrière lui. Bourré d'un talent inné, El Jem a depuis toujours investi les planches. D'abord celles de son école, où il a fait ses premiers rôles. L'apprenti homme de théâtre a par la suite continué sur cette même voie en faisant partie de troupes d'amateurs dans le cadre d'associations. Ce n'est qu'en 1970 qu'il entre dans le monde du théâtre professionnel en jouant dans une pièce de Nabil Lahlou. Mais ce n'est qu'en devenant, deux ans plus tard, disciple d'Ahmed Taëb Laâlaj, que Mohamed El Jem considère avoir pris son véritable départ en tant qu'homme de théâtre. «J'ai dû faire un choix quant à la profession que je voulais exercer. J'ai en effet été nommé en tant qu'instituteur. J'ai d'ailleurs exercé ce métier pendant une année, avant de décider de me consacrer entièrement à ma vocation de toujours, celle du théâtre», nous confie El Jem. Ce dernier n'a d'ailleurs jamais eu à regretter ce choix. Il en était même largement convaincu : «L'enseignement ne vous permet de communiquer qu'avec un public réduit, alors qu'avec le théâtre, c'est un large public avec qui vous arrivez à entrer en communion. J'ai donc choisi de suivre mes penchants et mon talent». Par la suite, et au fil d'une longue expérience, Mohamed El Jem a su inventer un personnage qui passe aujourd'hui pour un prototype : un personnage qui fait rire par son sérieux. Si les textes changent, ce personnage ne change pas. Et c'est loin d'ennuyer le public, la preuve par le guichet. «La femme qui…», dernier spectacle en date d'El Jem, a réussi à déplacer plus de 1200 personnes, au grand bonheur de la troupe du théâtre national. Comédien, El Jem est aussi connu en tant que scénariste. Il a en effet écrit plusieurs pièces de théâtre telles que «La femme qui…», sorte de parodie du code de la famille, traitant de la moudawana ou encore «Jar Wa Majrour» qui est l'histoire d'une femme instruite, répudiée à cause de sa stérilité et qui a été contrainte de travailler comme domestique chez une riche famille. Autant d'œuvres qui ont largement conquit le public marocain.