La réaction de la Syrie après l'agression dont elle a fait l'objet de la part de l'armée israélienne fut d'ordre diplomatique. Elle a déposé une plainte à l'ONU pour violation de son espace aérien. Fait très rare, ce sont des responsables militaires américains qui ont confirmé que l'aviation israélienne a mené des raids sur le territoire syrien presque une semaine après que les autorités de Damas l'aient publiquement dénoncé. La confirmation est restée anonyme, minimisant l'ampleur de l'attaque : «Ce n'était pas très important. C'était une attaque rapide. Ils étaient visés par les Syriens, ils ont riposté et sont partis». Les Syriens avaient été plus prolixes : trois avions israéliens avaient violé, jeudi dernier, l'espace aérien syrien par la Méditerranée et tiré quatre missiles sur des objectifs dans la localité de Dayr Al-Zur, dans la partie Ouest du pays, après avoir été détectés par la DCA syrienne. Les informations américaines sur le sujet indiquaient que ces attaques visaient à éliminer des trafiquants d'armes à destination du Hezbollah libanais. Israël dont le personnel politique est habituellement bavard sur de pareils sujets, est resté muet. Ehud Olmert avait interdit à ces collaborateurs de livrer le moindre commentaire sur le sujet. Les rares politiques qui se sont exprimés, se sont contentés de charger le régime syrien. Rafi Eitan, ministre des Retraités, et membre du cabinet de sécurité, s'en est pris à «ceux qui pensent que les Syriens sont prêts à s'asseoir à la table des négociations» et qu'il pense qu'ils se trompent et que les Syriens ne peuvent pas affirmer vouloir la paix et encourager le terrorisme. La réaction de la Syrie fut d'ordre diplomatique. Elle a déposé plainte à l'ONU pour violation de son espace aérien avec cet avertissement : «Si la communauté internationale persiste à ne pas tenir compte de ces actions israéliennes qui violent les lois internationales, la région ainsi que la paix et la sécurité internationale pourraient subir des conséquences graves et difficiles à contrôler». La Syrie avait été abondamment citée lors de la déposition du général Petraeus et de l'ambassadeur Crocker devant le congrès américain comme un pays qui fermait volontairement les yeux sur l'infiltration en Irak de kamikazes en provenance de nombreux pays arabes, notamment l'Arabie Saoudite et les pays du Maghreb Dès l'annonce du raid israélien sur la Syrie, l'Iran a volé à son secours. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien affirme que «l'objectif de cet acte de provocation du régime sioniste était de détourner l'attention de sa propre crise vers des zones autres que la Palestine, propageant ainsi l'insécurité dans la région et dissimulant son inaptitude durant la guerre de 33 jours contre le Liban». La Syrie n'en attendait pas moins de son allié traditionnel. Par contre, ses relations avec le royaume d'Arabie Saoudite connaissent quelques difficultés. En témoigne l'annulation sans explication publique d'une visite que le ministre des Affaires étrangères syrien, Walid Al Moallem, devait effectuer à Ryad, porteur d'un message du président Bachar El Assad au Roi Abdallah. Les deux hommes s'étaient déjà brouillés quand en 2006, Bachar El Assad avait qualifié de «demi-hommes» les dirigeants arabes qui avaient reproché au Hezbollah libanais d'avoir procédé à la capture de deux soldats israéliens et provoqué la guerre israélienne contre le Liban. Les relations entre les deux pays n'ont pas connu d'amélioration quand, en août dernier, le vice-président syrien Farouk Al Chareh trouvait « regrettable » l'absence de l'Arabie d'une importante réunion de sécurité sur l'Irak qui s'était tenue à Damas en présence de représentants de nombreux pays. Le gouvernement Saoudien avait rétorqué en accusant Damas de vouloir «propager le désordre dans la région». Dans ce nouveau bras de fer politico-militaire entre Damas Et Tel Aviv, les éditorialistes de la presse israélienne ne prévoient pas à une réaction militaire syrienne et s'attendent à ce que, une fois de plus, les Syriens, déjà accusés d'armer le Hezbollah libanais et de nourrir l'insurrection irakienne, sous-traitent leur réponse à des contractants libanais ou palestiniens. Tandis que certains éditorialistes de la presse syrienne dénoncent avec amertume le silence des principaux pays arabes face à cette « agression caractérisée » Issam Dari, rédacteur en chef du quotidien «Tishrine» a écrit que les grands pays arabes «sont restés silencieux comme si cela était arrivé sur la planète Mars ou Jupiter».