Le parti basque Eusko Alkartasuna appelle le gouvernement espagnol à remettre Sebta et Mellilia au Maroc en échange de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara. La Jeunesse du parti indépendantiste basque «Eusko Alkartasuna» a rendu public ce week-end un communiqué dont le contenu a suscité une vive polémique entre les différentes composantes de la classe politique espagnole. Le texte en question appelle le président du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, à remettre au Maroc les deux villes occupées de Sebta et Mellilia en contrepartie de l'acceptation par le Royaume de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara. Gazte Abterzaleak (la Jeunesse d'EA) a indiqué dans ce communiqué que «le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, pourrait aider dans les négociations entre le Maroc et le Polisario car l'Etat espagnol est en possession de quelque chose que le Maroc est impatient de récupérer». Les deux villes occupées pourraient donc servir de monnaie d'échange afin d'obtenir un référendum. Dès que cette proposition a été rendue publique, la classe politique espagnole a vivement réagi en fustigeant les auteurs du communiqué. Le Parti populaire (PP) a été, comme d'habitude, le premier à dénoncer ce qu'il considère comme «manque de dignité» de la part des Jeunes d'Eusko Alkartasuna. «Faire allusion à la possibilité de remettre Sebta et Mellilia au Maroc en échange de l'acceptation par le Maroc de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara est indigne», a déclaré Antonio Gutierrez du PP. Ce député a rejeté la proposition du parti basque en rappelant que Eusko Alkartasuna «est un parti séparatiste». Ce qui signifie, selon le député, que cette prise de position ne surprend guère sa formation qui adopte une attitude assez radicale en ce qui concerne toutes les tendances indépendantistes ou même régionalistes. «Même si nous nous y attendions (de la part d'EA), ce que nous ne pouvions même pas imaginer c'est qu'ils puissent oser annoncer publiquement de telles infamies, une vraie indignité», a dit le député populaire avant de rappeler aux membres du parti basque que leur proposition est anticonstitutionnelle étant donné que le texte fondateur du royaume d'Espagne considère les deux présides occupés comme des territoires espagnols. Ce débat entre la droite et la gauche indépendantiste espagnoles révèle la grande controverse dans laquelle se trouve engouffrée la classe politique espagnole toutes tendances confondues. On a ainsi une droite qui s'oppose d'une manière radicale à toute proposition visant à envisager ne serait-ce qu'un débat sur l'avenir des deux villes marocaines occupées. Elle adopte la même attitude concernant les tendances séparatistes au Pays basque et en Catalogne. Mais, ce qu'elle qualifie d'infamie en Espagne, elle le considère légitime au Maroc en soutenant le séparatisme du Polisario. Et on a aussi une gauche séparatiste radicale qui soutient les droits légitimes du Maroc en ce qui concerne Sebta et Mellilia et, au même temps, encourage le séparatisme dans les provinces du Sud. Deux positions contradictoires dans chaque camp. Ce qui rend impossible toute tentative d'amorcer un débat serein avec ces deux tendances sur l'avenir des relations entre les deux Royaumes. Et si avec les séparatistes basques, il n'y a pratiquement pas d'enjeux à prendre en considération, le PP a besoin de créer un climat favorable au dialogue avec le Maroc. Etre le parti espagnol qui bloque systématiquement le développement des relations de coopération avec le Maroc n'est pas un bon argument de campagne électorale sachant que l'on est à cinq mois seulement des législatives.