Confronté à la cruauté de son père, Abdelali s'est réfugié dans la délinquance pour finir dans le gouffre de la prison après un acte de parricide. «Oui, j'ai tué mon père… », avoue Abdelali devant la cour sans ressentir le moindre remord. L'assistance, qui occupe tous les sièges de la salle d'audience de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, se tait, ne sait pas ce qui est arrivé à ce jeune qui a osé tuer l'un de ses parents et l'avouer aussi froidement. Étonnant ! Il semble ne pas craindre le lourd châtiment qui l'attend, puisqu'il est accusé d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens contre son propre père. Une accusation qui le met entre le marteau de la peine capitale et l'enclume de la perpétuité. Sauf s'il arrive à bénéficier des circonstances atténuantes. Mais pourquoi en est-t-il arrivé au stade de commettre ce crime contre son père? Le père d'Abdelali était un marchand ambulant dur, cruel, sans pitié envers ses enfants au point qu'il ne leur parlait pas sans avoir un bâton ou un tuyau en plastique à la main. La gifle était comme un cadeau qu'il leur donnait à chaque fois qu'il leur reprochait quoi que se soit. Bref, tout le monde avait peur de lui. Cette violence parentale était l'obstacle principal qui a empêché Abdelali de poursuivre ses études. À la troisième année d'enseignement fondamental, il abandonne définitivement l'école. Un comportement qui lui vaut un châtiment barbare de la part de son père qui l'enferme dans une chambre, le maltraite durant trois jours et trois nuits et le prive de nourriture. Après quoi, le père l'envoie chez un mécanicien pour apprendre le métier. C'était une occasion pour Abdelali de rencontrer des enfants de son âge, mais surtout ceux qui errent sans destination. Cette mauvaise fréquentation l'encourage à faire de même pour éviter la confrontation avec ce père tortionnaire. Il fugue et depuis, se laisse entraîner dans le gouffre de la délinquance. Il se met à inhaler la colle à dissolution et à voler. Quand il a eu, un jour, envie de regagner le foyer familial, son père n'a pas trouvé mieux que de le chasser comme un chien. Abdelali retrouve ainsi la rue et perd tout espoir de retourner chez lui. D'un voleur à la tire à un cambrioleur, Abdelali est devenu un professionnel. Au fil des délits, ses acolytes sont tombés dans les filets de la police. Il est resté seul. La crainte s'est insinuée dans son cœur et les questions ont commencé à lui hanter l'esprit : Pourquoi en est-il arrivé à devenir un clochard et un voyou ? Pourquoi ne pouvait-il plus retourner chez lui ? Il commence alors à penser à sa mère, à ses frères, à leur situation…. Un tas de questions qui a fait émerger en lui un sentiment ignoble qui a fini par céder la place à une idée maléfique : «Mon père est la cause de mes malheurs, c'est lui qui m'a jeté dans l'enfer…Je le déteste…». Cette aversion, qu'il avait pour son père, l'a poussé au crime. «Je dois me débarrasser de lui», a-t-il décidé. Comment ? Abdelali regagne son quartier la nuit. Sans attirer l'intention de personne, il monte à la terrasse, se réfugie dans un coin obscur pour attendre l'arrivée de son père. Il arrivait toujours à reconnaître les pas de son père. Trois heures d'attente, en vain. À pas de loup, Abdelali s'éclipse pour retourner le lendemain, la nuit. Deux heures d'attente, cette fois, étaient suffisantes pour mettre en exécution son plan. Le père arrive. Au moment où il s'apprêtait à ouvrir la chambre qu'il avait sur la terrasse, Abdelali se jette sur lui, lui assène un premier coup de couteau, puis un deuxième et un troisième avant de prendre la fuite. Quelques jours plus tard, il est arrêté et traduit devant la justice. Son avocat, constitué dans le cadre de l'assistance judiciaire, a réclamé de le faire bénéficier des circonstances atténuantes. «Abdelali est également victime de son père…», a affirmé l'avocat, lors de sa plaidoirie. Une réclamation prise en considération par la cour. Abdelali a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle.