Suite à une relation amoureuse, Samira est tombée enceinte. Trahie par son amant, elle a abandonné le nouveau-né dans une ruelle. Abdelkrim gare sa Mercedes devant son domicile à Casablanca. Il en descend, tenue sport, clés, bouteille d'eau minérale et un paquet de mouchoirs en papier à la main. Il ferme la portière et se dirige vers la porte de sa maison. Avant de l'ouvrir, il se retourne pour jeter un regard vers les fenêtres de la maison d'en face. Ce soir, elle n'a pas ouvert la fenêtre. Le lendemain, il la rencontre : «Je ne t'ai pas vue, hier…Tu n'as pas ouvert la fenêtre…Je n'ai pas dormi…Parce que je n'ai pas vu ton beau visage. Je n'aurais jamais pu imaginer que je penserais à toi à ce point…». Samira, 26 ans, baisse ses yeux et réprime un sourire. Mais son visage rougit. Abdelkrim lui chuchote quelques mots à l'oreille avant de partir. Le surlendemain, il la croise quand il sort de chez lui, lui chuchote une autre fois des mots. Et c'est la première fois qu'elle lui sourit ouvertement. Un sourire franc. Abdelkrim se convainc, cette fois-ci, que sa souricière est au point. En fait, un drôle de sentiment attire la jeune fille vers cet homme de 30 ans, qui vient d'arriver d'Allemagne. Il y est installé depuis six ans. Samira se souvient de lui lorsqu'il était au chômage, avant que son frère ne l'aie aidé pour le rejoindre. Aujourd'hui, Abdelkrim n'est plus ce jeune qui passait toute la journée dans la rue pour bavarder avec ses camarades. Le voilà, avec une belle voiture, de l'argent plein les poches et avec, sans aucun doute, un gros compte en banque. Lorsqu'il retourne chez lui en vacances, il ramène avec lui colis, valises et d'autres choses que la jeune amoureuse ne peut deviner. Comme à l'accoutumée, Samira se confie à sa cousine. Elle lui a parlé d'Abdelkrim, de ses paroles mielleuses et de ses promesses. «Et pourquoi tu n'entretiens pas une relation avec lui ? Elle pourrait déboucher sur un mariage !», lui a-elle conseillé. Abdelkrim et Samira se rencontrent encore une fois et le jeune homme lui avoue son amour, ses bonnes intentions. Samira tente de bâtir un mur entre ses paroles mielleuses et son cœur, de ne pas y croire. Mais les conseils de sa cousine deviennent lancinants. «Abdelkrim dispose de tout ce dont une fille peut rêver !», reconnaît-elle. Au fil des jours, elle finit par se retrouver dans ses bras. Elle lui a même offert son corps. Abdelkrim lui a promis le mariage une fois qu'il aura réglé quelques problèmes en Allemagne. Il retourne au pays de Goethe. Il n'oublie pas Samira et lui téléphone de temps à autre pour lui exprimer son amour et lui envoyer de l'argent. «Allo, Abdelkrim? Je ne peux plus te le cacher, je suis enceinte et je ne sais pas quoi faire», lui lance-t-elle, affolée. Dès lors, plus de téléphone. Abdelkrim ne donne plus signe de vie et Samira ne sait pas quoi faire ni à quel saint se vouer. Elle préfèrerait mourir. Elle fait tout ce qu'elle peut pour cacher son ventre. Sa cousine, la seule, qui était au courant, l'aide. Le hasard a voulu qu'elle soit seule à la maison lorsqu'elle a ressenti les premières contractions. Sa famille était en voyage. Elle ne demande ni l'assistance d'un médecin ni celle d'une sage-femme et encore moins celle de sa cousine. Elle est restée seule à souffrir, à éprouver le calvaire de l'accouchement. Et elle accouche d'un petit être, dont elle se pressera, dès la tombée de la nuit, de s'en débarrasser dans une ruelle avant de retourner chez elle. Le lendemain, sa cousine lui rend visite, lui apprend que la police a découvert le nouveau-né. Samira est dans un état lamentable, son état de santé nécessite une hospitalisation d'urgence. Très vite, le médecin s'aperçoit que la jeune femme vient d'accoucher et il se met à la harceler de questions à tel point qu'elle ne pouvait plus cacher la vérité. Le médecin alerte, alors, la police. Samira est arrêtée, mise entre les mains de la justice. La Cour ne l'a pas jugée coupable pour infanticide, car l'enfant était mort-né, mais elle lui a reproché le fait d'avoir eu une relation extraconjugale avec Abdelkrim et l'a condamnée à trois mois de prison avec sursis.