La réunion, le 25 juin 2007, entre le Premier ministre israélien, le président de l'Autorité palestinienne, le raïs égyptien et le roi de Jordanie n'a pas débouché sur des résultats spectaculaires. «Le sommet des petites attentes », c'est ainsi que le quotidien de droite israélien Yediot Aharonot avait qualifié, le 25 juin, les retrouvailles prévues le même jour, dans la capitale touristique du Sinaï, entre Ehoud Olmert, Mahmoud Abbas, Hosni Moubarak et Abdallah II de Jordanie. Cette vision pessimiste a été confirmée par les faits. Voulue par le président américain, cette réunion ne s'est pas en effet traduite par une relance significative du processus de paix. Elle s'est contentée tout au plus de réaffirmer le soutien de l'Egypte, de la Jordanie et d'Israël à Mahmoud Abbas, dont le pouvoir a été considérablement affaibli par la conquête, le 15 juin dernier, de Gaza par le Hamas. Les Israéliens n'étaient pas disposés à satisfaire l'intégralité des demandes formulées par le président de l'Autorité palestinienne, des demandes portant à la fois sur la levée des barrages routiers en Cisjordanie, la livraison d'armes et d'équipements à la Garde présidentielle et la fixation d'un calendrier précis pour la reprise des discussions politiques sur la création de l'Etat palestinien. A Charm-el-Cheikh, Ehoud Olmert s'est contenté de réitérer l'engagement de son gouvernement à transférer désormais de manière régulière à celui de Salem Fayyed les avoirs fiscaux et douaniers gérés par Israël pour le compte de l'Autorité palestinienne. Ehoud Olmert s'est par contre refusé à envisager la relance des discussions sur «l'horizon politique» tant que «le gouvernement palestinien ne connaîtrait pas une plus grande stabilité». Pourtant, Ehoud Olmert a fait une concession de taille à Mahmoud Abbas en annonçant la prochaine libération de 250 membres du Fatah détenus en Israël. Le Premier ministre israélien a ainsi justifié cette décision : «Il est important que chaque Palestinien sache que ceux qui veulent nouer des relations pacifiques avec nous seront largement payés en retour». La précision n'est pas inutile, loin de là. Pour les Palestiniens, elle constitue la garantie que cette libération, sans contrepartie, sera effective dans les jours ou semaines à venir, et que l'attente des familles des détenus ne sera pas, cette fois, déçue ! Elle a aussi pour but d'indiquer que cette mesure unilatérale n'a aucun rapport avec les négociations, pour le moment interrompues, menées ces derniers mois par les Egyptiens en vue d'obtenir la libération du caporal israélien Gilad Shalit, retenu prisonnier par le Hamas depuis le 25 juin 2006. Or le sort de ce dernier a éclipsé, contre toute attente, les discussions du Sommet de Charm-el-Cheikh puisque, avec un sens très aigu de la communication, le Hamas a créé la surprise en diffusant, en marge de cette rencontre à laquelle il n'était évidemment pas convié, un enregistrement audio d'un message lu en hébreu par le jeune militaire. Dans ce court texte, il affirme avoir besoin de soins et reproche à son gouvernement de ne pas avoir mis tout en œuvre pour obtenir sa libération en échange de celle de centaines de détenus palestiniens dont la liste avait été fournie par le Hamas aux Egyptiens. Cette manœuvre médiatique a eu l'effet escompté puisque les journaux israéliens du 26 juin 2007 traitaient moins des résultats du sommet dans le Sinaï que du message de Gilad Shalit. La droite et l'extrême droite refusent par principe tous pourparlers avec le Hamas à ce sujet, tout comme, pour l'instant Ehoud Olmert, qui a fustigé « la cruauté » du mouvement intégriste. Cependant, le ministre Elie Ychaï du Shass, une formation orthodoxe séfarade, le leader du Meretz ( Extrême gauche) Yossi Beïlin et l'ancien ministre travailliste de la Culture, Ophir Pines Paz, s'y sont déclarés favorables. Un point de vue qui n'est pas partagé par le chroniqueur vedette de Yediot Aharonot, Nahoum Barnéa, qui considère qu' il «y a des limites au prix très lourd que Israël pourrait payer en échange de Gilad Shalit ». Cette opinion est rejetée par la majorité de l'opinion publique.Paradoxalement, l'attentisme de Ehoud Olmert, qu'il a cherché à tempérer en annonçant la libération de 250 détenus membres du Fatah, pourrait provoquer une crise au sein de sa coalition gouvernementale et lui coûter très cher politiquement parlant. Car la composante ultra-droitière, le parti russophone Israël Beïtenou, a annoncé qu'elle envisageait son départ du gouvernement. Ce qui placerait dès lors le parti travailliste et son nouveau dirigeant, Ehoud Barak, en mesure de se montrer plus exigeant envers le Premier ministre, pris ainsi au piège de ses hésitations et des demi-mesures qu'il a érigées en soutien à Mahmoud Abbas.