Vieille revendication des professionnels de la scène, la Mutuelle nationale des artistes vient enfin de voir le jour. Un acquis accueilli avec une grande satisfaction par les milieux de l'art. Pour une fois, les artistes, toutes disciplines confondues, ont mis de côté leurs divergences pour s'unir autour d'un projet qui rapporte gros en termes de sécurité sociale: création de la Mutuelle nationale des artistes. La plate-forme de ce projet a été adoptée, une fois n'est pas coutume, à l'unanimité des 1500 artistes qui ont assisté, dimanche après-midi au Complexe Abderrahim Bouabid (Mohammédia), à l'assemblée constitutive de cette mutuelle, qui s'est déroulée en présence des ministres de la Culture et de la Communication, Mohamed Achaâri et Nabyl Benabdallah. «Tous les artistes présents, en dehors de leurs étiquettes syndicales, se sont félicités de la naissance de cette mutuelle», se réjouit Hassan Nafali, président de la Coalition marocaine pour la culture et les arts. M. Nafali, qui a été l'un des instigateurs de cette initiative, a fait noter que tous les dirigeants des différents syndicats de l'art ont été tous conviés à participer à cette grand-messe, précisant que la mutuelle est ouverte aux artistes et aux métiers connexes, dont notamment celui des techniciens. Contacté par ALM, Mohamed Derham, qui a participé à l'élaboration de la plate-forme de mutuelle, a qualifié ce projet de «belle alternative». L'accord, signé en juin 2006 entre la Coalition marocaine pour la culture et les arts et la compagnie d'assurances CNIA, et entré en vigueur en septembre de l'an dernier, avec le soutien financier du ministère de la Culture, a suscité une grande polémique au sein des milieux de l'art. D'une part, des syndicats ont protesté contre leur «éviction» de la signature de cet accord, contestant que le ministère de tutelle ait choisi la Coalition comme seul interlocuteur. D'autre part, le nombre des bénéficiaires s'est limité à 700 personnes. Une grande polémique avait éclaté au sujet des critères de sélection de ces bénéficiaires. La polémique a atteint des proportions telles que des syndicats de l'art ont porté leur «combat» devant les tribunaux, envers et contre le ministère de tutelle suspectés d'avoir procédé à «un traitement de faveur» au profit de la Coalition. Ce qui a porté les parties à penser à une autre formule consensuelle, qui prend forme aujourd'hui avec la naissance d'une mutuelle pour tous les artistes, et dont pourront bénéficier, évidemment, leurs conjointes ou conjoints, en plus de leurs progénitures. S'agissant du financement de cette mutuelle, M. Nafali a cité trois sources : les subventions de l'Etat, la contribution d'organismes publics professionnels (Centre cinématographique marocain, 2M-Soread, SNRT, Bureau national des droits d'auteur, etc), en plus des cotisations des artistes fixées à la somme annuelle de 700 DH, soit 65 DH par mois. «Le montant de cette cotisation peut être revu à la baisse proportionnellement à l'adhésion de nouveaux postulants», indique M. Nafali, qui se dit heureux que le nombre des premiers adhérents ait déjà franchi la barre de 2000 personnes. En ce qui concerne la nature des services que va apporter la mutuelle, Abdelkbir Rgagna, président de la section Rabat du Syndicat national des professionnels de théâtre, a affirmé qu'ils seront multiples : médicaments, hospitalisation, aide sociale… «Un véritable chantier de vie s'ouvre!», s'est-il exclamé. Avec la Mutuelle nationale des artistes, c'est un nouvel acquis qui s'ajoute à la liste des réalisations accumulées ces dernières années par les milieux de l'art. Le statut d'artiste, qui a été adopté en 2003, a marqué le début d'une nouvelle ère pour l'art au Maroc. Au-delà de la reconnaissance juridique des artistes, ce statut promet de réorganiser un secteur qui a beaucoup souffert de l'anarchie.