La tension est montée d'un cran entre l'Algérie et l'Espagne sur le dossier du gaz. Pour faire valoir ses droits, Sonatrach, l'entreprise algérienne des hydrocarbures, a saisi la Commission espagnole de l'énergie (CNE). Dernier épisode en date dans le litige hispano-algérien sur le gaz, le refus de l'entreprise algérienne Sonatrach des conditions espagnoles sur l'augmentation de sa part dans le capital du futur gazoduc sous-marin. En réponse, Sonatrach conditionne sa participation dans le gazoduc. L'Algérie a menacé de liquéfier une partie du gaz du gazoduc Medgaz devant la relier à l'Espagne en 2009, pour le vendre directement, si Madrid persistait à lui refuser d'en avoir 36% des actions, a affirmé le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. «Si les blocages venaient à persister, Sonatrach (société publique d'hydrocarbures) opterait pour l'alternative de la liquéfaction de son gaz pour le vendre sur d'autres marchés dans le monde, ce qui rendrait le gazoduc Medgaz économiquement peu rentable», a t-il souligné lors d'une rencontre sur le gaz à Alger. La situation est d'autant plus difficile que le marché du gaz naturel liquéfié (GNL) est en plein essor et l'Europe du Sud et plus particulièrement l'Espagne n'a pas vraiment le choix pour s'approvisionner en gaz dans un contexte marqué par des tensions énergétiques entre l'Europe et la Russie. Par ailleurs, il faut souligner que Sonatrach a introduit, vendredi 8 juin, un recours auprès de la Commission nationale de l'énergie (CNE, organisme régulateur du secteur en Espagne). Il est inutile de rappeler que dans sa première décision, la CNE avait limité Sonatrach à ne vendre directement qu'un milliard de mètres cubes de gaz sur les trois qu'elle détient dans le projet. En même temps, les autorités espagnoles voulaient un engagement de Sonatrach pour ne pas descendre en dessous de 80% dans ses acheminements de gaz à travers le nouveau gazoduc. M. Khelil, qui voit cela comme une contrainte, n'a pas manqué de montrer du doigt la disproportion avec laquelle l'autorité de régulation espagnole traite les dossiers. Il faut dire que ce lourd dossier des relations énergétiques entre l'Espagne et l'Algérie n'est pas une situation nouvelle. L'Algérie avait déjà sanctionné le gouvernement espagnol pour son soutien au projet d'autonomie du Sahara en augmentant le prix du gaz naturel qu'Alger exporte vers l'Espagne. Quelle que soit la décision adoptée par la CNE espagnole, l'Algérie compte camper sur la sienne : Sonatrach ne contibuera au projet qu' à hauteur de 26% , ce qui risque inévitablement de retarder le projet Medgaz . «A chaque fois qu'il y aura une demande de fonds, nous contribuerons à hauteur de 26% , ce qui représente des risques pouvant retarder l'achèvement du projet», a affirmé Chakib Khelil.