Les groupes USFP et Istiqlalien démentent avoir signé la motion d'avertissement au gouvernement sur une initiative de l'UC. Le président du groupe de ce parti à la deuxième Chambre persiste et signe. Les groupes des conseillers USFP et istiqlaliens ont nié avoir apposé leurs signatures à la motion d'avertissement que prépare le groupe UC (Union constitutionnelle) conformément à l'article 77 de la Constitution. Dans une déclaration à ALM, Mohamed Al Ansari, qui assure la présidence du groupe PI, Abdelhak Tazi se trouvant à l'étranger, dément que des conseillers de son parti aient pris part à l'initiative pilotée par Driss Radi, président du groupe UC à la deuxième Chambre. «A ma connaissance, aucun de nos conseillers n'a signé ledit document, mais nous allons encore nous en assurer lors de la réunion du groupe ce mardi», ajoute Me Al Ansari. Son collègue USFP, Mohamed Khaddori, se veut plus catégorique. «Aucun de nos 23 conseillers n'a signé la lettre à laquelle vous faites référence et je m'en suis assuré moi-même auprès de tous les concernés», déclare le président du groupe socialiste à la deuxième Chambre. Au RNI, une source parlementaire de ce parti a affirmé qu'il n'y avait aucune décision du genre à avoir été prise au niveau de la direction, mais que des conseillers auraient pu émarger la lettre préparée par Driss Radi. Même au PND (Parti national démocrate), cette initiative n'a pas été officiellement cautionnée. «Officiellement, notre parti n'est pas signataire de cette motion d'avertissement. C'est ce qu'on a vérifié auprès de nos 20 conseillers», affirme Milouda Hazib, secrétaire général-adjoint du PND. Driss Radi, chef du groupe UC à la deuxième Chambre, ne veut rien entendre. «Nous avons appris que de grandes pressions avaient été exercées sur les conseillers de la majorité pour qu'ils se rétractent, mais je peux assurer que l'opération de collecte de signatures suit son chemin», indique à ALM M. Radi. Pourquoi le recours à une telle motion, un recours inédit dans les annales du Parlement Marocain ? «Nous avons décidé de réunir les signatures pour cette motion d'avertissement après avoir épuisé tous les autres moyens de saisine du gouvernement. Le ministre de l'Agriculture, sollicité depuis longtemps, refuse toujours de venir s'expliquer devant la commission parlementaire», explique Driss Radi en référence aux habituelles questions orales, questions écrites ou encore les célèbres questions d'actualité. «Il s'agit de problèmes d'ordre national qui dépassent les clivages entre majorité et opposition», ajoute le président du groupe UC en allusion à la sécheresse et à ses répercussions sur le monde rural, mais urbain également avec le spectre de l'exode rural. Driss Radi refuse, pour le moment, de révéler le nombre des conseillers signataires de la motion d'avertissement. Des sources parlementaires indiquent toutefois que ce chiffre ne dépasserait pas la trentaine dont une écrasante majorité des conseillers de l'Union constitutionnelle. Des sources au sein de la deuxième chambre se sont interrogées sur l'attitude du groupe UC au sein de la deuxième Chambre qui viserait notamment le ministre MP Mohand Laenser. Surtout que des contacts auraient lieu pour donner une nouvelle naissance à l'Entente (alliance qui unissait le MP, l'UC et le PND). Que dit l'article 77 ? La Chambre des conseillers peut voter des motions d'avertissement ou des motions de censure du gouvernement. La motion d'avertissement au gouvernement doit être signée par le tiers au moins des membres de la Chambre des conseillers. Elle doit être votée à la majorité absolue des membres composant la Chambre. Le vote ne peut intervenir que trois jours francs après le dépôt de la motion. Le texte de l'avertissement est immédiatement adressé par le président de la Chambre des conseillers au Premier ministre qui dispose d'un délai de six jours pour présenter devant la Chambre des conseillers la position du gouvernement sur les motifs de l'avertissement. La déclaration gouvernementale est suivie d'un débat sans vote.