Pour la première fois, une bande vidéo signée «Organisation Al Qaïda au Maghreb islamique», diffusée récemment sur le Net menace le Royaume, par la voix de combattants marocains. Le Maroc n'est pas à l'abri des attentats d' Al Qaïda au Maghreb islamique». La menace véhiculée récemment par le biais d'une bande vidéo n'est pas un fait nouveau, elle existe depuis que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien s'était placé sous la coupe d'Oussama Ben Laden en septembre 2006, en se rebaptisant «Al Qaïda au Maghreb islamique». «Ce n'était pas un simple changement d'appellation, mais un changement de stratégie qui vise à donner au combat de l'ex-GSPC une dimension maghrébine », affirme à ALM le chercheur Mohamed Darif. Ce qui est toutefois nouveau, c'est que la bande, par qui la menace arrive, montre pour la première fois des combattants marocains membres de la filiale maghrébine d'Al Qaïda. Que faut-il donc retenir comme message de l'apparition sur le Net d'Abou Abderrahmane Al Maghribi, qui représente avec l'autre Marocain Abou Al Baraâ Tanji le pendant marocain de cette organisation ? En clair, cette organisation basée en Algérie veut prouver qu'elle compte dans ses rangs des combattants non seulement algériens, mais aussi et surtout marocains. Moralité : le Maroc, accusé d'être un «pays impie», et présenté comme «un vecteur de débauche» au «Maghreb islamique», se trouve dans l'œil du «cyclone» terroriste ! Une menace qui aurait «un coût sécuritaire et politique considérable», estime M. Darif, en faisant référence à la réunion convoquée mardi soir dernier par le patron de la Direction de surveillance du territoire national (DST), Abdellatif Hammouchi, en vue d'authentifier la bande vidéo et examiner le contenu de la menace proférée par Abou Abderrahman Al Maghribi, au nom de cette «succursale» d'Al Qaïda en Afrique du Nord. Une menace prise au sérieux, d'autant plus que des sources proches des services de sécurité font état «de préparatifs d'un groupe de neuf terroristes basé en Mauritanie pour faire son entrée au Maroc, et plus précisément à Casablanca en vue de perpétrer des attentats». Ce groupe, qui répond au nom de «Hafadat Eddine», se serait installé, il y a quatre mois dans un quartier populaire de Nouakchott, où il se livre au trafic de voitures de type «4x4». Il aurait manifesté son intention de se rendre au Maroc, via la région Zouérate en Mauritanie, sous prétexte de se livrer à des activités commerciales dans la capitale économique du Maroc. Mais ce groupe, qui se présente comme un mouvement de prédication, s'est déjà illustré par ses accusations contre «le régime marocain apostat», le désignant comme étant «responsable de la propagation de la débauche en Afrique du Nord », conformément à la littérature de l'organisation «Al Qaïda au Maghreb islamique» dont il serait membre. Considéré comme «l'avant-garde» terroriste en Afrique du Nord, l'antenne maghrébine de l'organisation de Ben Laden a été chargée par ce dernier d'unifier les différents groupes islamistes de la région, notamment le Groupe islamique combattant du Maroc (GICM), responsable des attentats de Casablanca de 2003, et le Groupe islamiste combattant de Libye (GICL). La création de cette nouvelle filiale en Afrique du Nord porte à quatre le nombre des branches d'Al Qaïda : l'Arabie Saoudite, l'Irak, l'Afghanistan et le Maghreb islamique, devenu la nouvelle terre de repli pour le « Jihad sacré ».