Quand sa femme est tombée malade, Hafid a décidé de la remplacer par sa fille aînée. Après 12 ans de calvaire, cette dernière a fini par divulguer le secret aux gendarmes de Tlate Sidi Bougadra. «Papa, ce que tu me fais est illicite…Dieu va te jeter dans le gouffre de l'enfer», disait Amina à son père à chaque fois qu'il lui demandait de se dévêtir. Et à chaque fois, elle recevait cette réponse non moins choquante : «Je partirai Inchallah à La Mecque pour le pèlerinage et Dieu va me pardonner tous mes péchés». Amina n'arrivait pas à croire ses oreilles quand elle entendait ces mots qui sortent de la bouche d'un père de quatre filles. Parfois, elle s'interrogeait si c'est vrai que Dieu va passer l'éponge sur tous les péchés de son père et si tous les autres pères ressemblaient au sien. Certes, elle le croyait quand elle était encore fillette. Parce qu'elle ne pensait jamais que son géniteur peut un jour lui faire du mal. Désillusion totale à son adolescence. Cette fille qui habite avec son père, sa mère et ses trois sœurs au douar Tlate Sidi Bougadra, province de Safi, se souvient du premier jour où son père a commencé à fouler les pieds le lien parental pour devenir un monstre. Cela remonte à douze ans quand elle était à son huitième printemps. Elle était en compagnie de son père à Agadir. C'était la première fois qu'elle quittait Douar Tlate Sidi Bougadra pour rendre visite de leurs proches. Elle ignorait, d'abord, pourquoi il l'a emmenée seule en sa compagnie. Parce qu'elle est l'aînée ? Peu importe pour elle la réponse. La question qui la lancinait est comment son père a osé lui toucher ses parties intimes quand ils étaient tout seuls sur un terrain vague situé dans la région d'Agadir. C'était la première fois qu'il a commencé ses actes incestueux. C'est aussi la première fois que son père s'est mis aux baisers fougueux. Il lui a fait mal. «Quand tu t'habitueras à cela, tu trouveras un grand plaisir et tu vas me demander de te le faire encore et encore», lui a-t-il dit. Il lui a ôté sa culotte pour la mettre sur son sexe et a continué à se frotter contre elle. Amina ne savait pas au juste ce que son père lui faisait. Et elle s'est étonnée quand elle a remarqué la présence d'un liquide sur ses cuisses. Il lui a demandé enfin de garder le secret, de ne le divulguer à personne. Elle ne savait pas pourquoi. De retour au douar, Hafid a continué à abuser de sa fille à chaque fois qu'il se retrouvait seul en sa présence. Quand elle a commencé à prendre conscience de ce qui lui arrivait, elle lui a demandé de la laisser tranquille. «C'est mieux de le faire avec ton père qu'avec une autre personne», lui répondait-il sans pudeur. Et à chaque fois, il la menaçait de meurtre si elle divulguait le secret. Par la suite, il l'a conduite à Casablanca pour la mettre entre les mains d'une famille comme bonne. Amina est devenue domestique qui n'empochait jamais l'argent qu'elle gagnait. C'est son père qui s'en chargeait. Il arrivait à la fin de chaque mois pour passer une nuit avec elle chez ses employeurs. Il ne ratait pas l'occasion pour coucher avec elle comme le feraient des adultes mariés. Amina n'était plus vierge, depuis longtemps. Le lendemain, il empochait l'argent et retournait chez lui au douar. Et quand elle rendait visite à sa mère et à ses sœurs, lors de l'Aïd Al Fitr ou l'Aïd El Kébir, il l'obligeait à s'isoler avec lui pour passer à l'acte. De nouveau. Jusqu'à quand endurera-t-elle ce calvaire qui l'empêche de dormir ? Elle a fini par prendre sa décision : dévoiler le secret, non pas à sa mère et ses sœurs, mais aux gendarmes de Talte Sidi Bougadra. Ces derniers ont arrêté le père, Hafid. «Que Dieu maudisse Satan», a déclaré ce quadragénaire qui a avoué être un père incestueux. Pourquoi a-t-il abusé de sa fille Amina et non pas de ses trois autres filles ? Hafid a expliqué aux enquêteurs que depuis que sa femme est tombée malade, elle souffrait de troubles mentaux, il a décidé de ne pas tomber dans le gouffre de la débauche avec des filles de joie. En guise de compensation, il a choisi sa fille aînée. Ignoble acte dont il devra répondre devant les juges. Et plus tard, le jour du jugement dernier.