Fatiha, mère de trois enfants, a été condamnée, par la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son demi-frère. «J'ai tué mon demi-frère parce qu'il m'a violée…». Un brouhaha a régné dans la salle d'audience de la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca quand l'assistance a entendu cette déclaration choquante faite par Fatiha. Le président de la Cour ordonne à l'assistance de se taire: «Silence, ou je fais évacuer la salle». Quelle est cette jeune femme ? Née un jour de 1973, Fatiha a ouvert ses yeux sur sa tante, Zahra. Elle la considère comme sa mère. Et sa mère naturelle ? «Elle est décédée le jour même de ta naissance», lui a confié, un jour, sa tante. Elle lui a appris qu'elle est orpheline de mère et de père. Fatiha se sentait seule. Les bons souvenirs avec sa tante n'arrivent pas à combler sa solitude. A son quinzième printemps, elle apprend, par pur hasard, que ses parents ne sont pas morts. Ils ont divorcé quelques semaines après sa naissance. Son père s'est remarié et a eu un deuxième enfant. Fatiha est aux anges. Heureuse d'apprendre la nouvelle, elle ne ressent plus le poids de la solitude. Depuis, elle rend visite de temps en temps à sa mère, à son père et à son demi-frère. Ils ont même assisté à sa nuit de noces. Au fil des années, Fatiha a mis au monde trois enfants. Mais qu'est-ce qui lui est arrivé ? Et quelles sont les raisons qui l'ont poussée à tuer son demi-frère ? «Je venais de rentrer à la maison chez mon père. Je n'ai trouvé de mon frère qui était ivre… Sous la menace d'un couteau, il m'a ligotée pour me violer à deux reprises… Quand il m'a libérée, il s'est jeté sur le lit et j'ai saisi l'occasion pour lui asséner deux coups de couteau au niveau du cœur…», a-t-elle déclaré à la Cour. Disait-elle la vérité à la Cour? Si oui, pourquoi n'a-t-elle pas hurlé pour demander secours alors que la scène s'est déroulée dans une baraque mitoyenne à d'autres ? Pourquoi ne s'est-elle jamais plainte d'harcèlement lorsqu'elle rendait visite à son père? D'abord, elle a raconté une autre version des faits à la police. Elle leur a affirmé avoir une histoire d'amour avec son demi-frère. Au fil de ses visites régulières à son demi-frère, elle est tombée amoureuse de lui. Sa vie familiale, son mari et ses enfants ne comptaient plus. Son bien-aimé était son frère. Ce dernier a fait fi de toute considération familiale pour se plonger dans le péché. Les habitants ont remarqué ses visites successives durant une seule semaine sans qu'elle soit accompagnée ni par son mari ni par ses enfants. S'il s'agit vraiment d'une relation amoureuse, pourquoi l'a-t-elle liquidé ? Il lui a exprimé son désir de se marier. Une idée qui ne lui a pas plu. Elle voulait qu'il soit pour elle toute seule. Elle lui a exprimé son amour, son désir de rester à sa disposition à vie, de n'avoir plus besoin de son mari et de son besoin pour partager à tout moment avec lui le même lit. Quand il a insisté sur son choix, elle a décidé de le tuer. Le jour du crime, elle a saisi l'occasion de son état d'ivresse pour prendre un couteau dans la cuisine et le tuer. Dans les deux cas de figure, Fatiha est considérée coupable d'homicide volontaire. La Cour l'a condamnée à vingt-cinq ans de réclusion criminelle.