Le parti d'opposition "Ennahda" (islamiste modéré) a demandé lundi l'organisation de nouvelles élections législatives en Algérie, en invoquant "la fraude et les dépassements" constatés lors du scrutin du 17 mai. Lors d'une conférence de presse, dont se fait l'écho mardi la presse algérienne, M. Feteh Rebiaï, secrétaire général du parti, a affirmé que sa formation a été privée de sièges dans 12 wilayas du pays. Selon lui, les observateurs du parti ont été empêchés d'ouvrir les urnes et d'accéder aux bureaux de vote, ce qui constitue, à ses yeux, une forte présomption sur "le bourrage des urnes". De même, il a indiqué que des procès-verbaux de dépouillement étaient signés à blanc avant la clôture du scrutin. Le parti Ennahda a obtenu 5 sièges au parlement, rappelle-t-on. M. Rebiaï a félicité le président de la commission nationale de surveillance des élections, M. Saïd Bouchaïr pour avoir alerté l'opinion sur "les dépassements dangereux" ayant émaillé les opérations de vote. Il a, d'autre part, estimé que le taux de participation annoncé officiellement à 35 %, se situerait en fait à quelque 20 %. Le faible taux de participation est d'ailleurs considéré par un parti membre de la coalition gouvernementale, le "Mouvement pour la société de la paix ( MSP- islamiste modéré) comme un signe du rejet par l'électorat des pratiques de certains agents de l'administration, qui ont entaché l'opération électorale. Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion de son bureau exécutif, lundi soir, le MSP souligne aussi que l'abstentionnisme est un signe de lassitude des électeurs face à l'absence de perspectives d'une véritable alternance. Le parti Ennahda et le MSP rejoignent ainsi d'autres partis qui ont protesté contre des irrégularités constatées lors du scrutin, notamment en faveur de candidats du Front national de Libération (FLN). Celui-ci a été crédité de 136 sièges sur les 389 que compte l'Assemblée Populaire nationale (APN) selon les résultats définitifs proclamés lundi sar le conseil constitutionnel algérien. De légères rectifications leur ont été apportées par cette instance. Le Rassemblement national démocrate (RND-membre de la majorité) gagne un siège en étant crédité de 62 tandis que l'autre partenaire de la Coalition au gouvernementale, le Mouvement pour la société de la paix (MSP) en perd un et se retrouve avec 51 sièges. Le Front national algérien (FNA) se retrouve lui avec 15 sièges, alors qu'il n'était crédité que de 13 selon les résultats préliminaires annoncés par le ministère de l'intérieur. Les ministres candidats dans les listes des trois partis de la coalition gouvernementale ont tous été élus, est-il relevé. Pour sa part, le Rassemblement national démocratique s'est inquiété lui aussi du taux élevé d'abstentionnisme, non sans relever "des irrégularités et des dépassements". M. Ahmed Ouyahya, secrétaire général du parti et ancien premier ministre, a toutefois estime que la lettre du président de la commission nationale de surveillance des élections, adressé au chef de l'Etat, sur le constat de "dépassements dangereux", "a eu le mérite de tempérer les ardeurs de quelques agents subalternes et de certains élus locaux". Il s'est toutefois déclaré satisfait du score réalisé par son parti qui a gagné 15 sièges par rapport aux précédentes législatives (62 au total).