Colère, voire indignation, chez les habitants des provinces sahariennes après la sortie médiatique de l'ambassadeur US à Rabat, Thomas Riley, où il considère le Polisario comme l'unique représentant de la population sahraouie. Les habitants des provinces sahariennes ne comptent pas rester les bras croisés. Les déclarations faites jeudi dernier par l'ambassadeur US à Rabat, Thomas Riley, écartant la participation du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes aux prochaines négociations sur le Sahara, ont suscité une vague de colère au sein de la population, toutes catégories confondues (ralliés, notables, élus, etc). «Les propos du diplomate américain sont non seulement inopportuns, ils s'inscrivent aussi et surtout en porte-à-faux avec la position officielle exprimée par les Etats-Unis au sein du Conseil de sécurité», fait constater Mohamed El Khar, ancien cadre du Polisario ayant rallié la mère-patrie en 1995. «Le Polisario, on ne le répétera jamais assez, ne représente qu'un tiers des Sahraouis, alors que le Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes représente les deux tiers de la population sahraouie», précise ce rallié, actuellement président de l'Association «Unité et Développement» basée à Laâyoune. Il se demande par la même occasion si, à l'instar du Polisario, il faudrait aux Sahraouis unionistes «porter les armes pour pouvoir s'asseoir à la table des négociations», ajoutant que les habitants des provinces sahariennes «ne vont pas se taire» sur ce qu'il a qualifié de «dérive dangereuse» de la part du diplomate américain. «Nous sommes en train de réfléchir sur le moyen de riposter à la déclaration déplacée et, par ailleurs, injuste et inique envers la majorité écrasante de la population sahraouie», a-t-il révélé. Sur le point de savoir la nature de cette riposte, notre interlocuteur a déclaré à ALM que les protestataires se sont pris ces derniers jours à recueillir des pétitions que «nous allons adresser au diplomate américain», comme étape préliminaire à d'autres démarches auprès de l'administration américaine et des Nations unies. «Si le diplomate américain reconnaît aux séparatistes le droit de négocier pour l'Algérie, pourquoi conteste-t-il le droit des unionistes de négocier pour l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc», s'interroge-t-il, appelant le diplomate américain à «présenter des excuses officielles pour ses déclarations préjudiciables». Même revendication relevée chez Khaya Mohamed, président de l'Association provinciale des affaires sociales à Boujdour. «Franchement, j'ai été surpris par les déclarations du diplomate américain, d'autant plus que les Etats-Unis viennent d'exprimer un soutien franc et clair à l'Initiative marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie au Sahara. Je me demande si le diplomate est bien informé des derniers développements au sujet du Sahara», a-t-il martelé, annonçant, au nom de la société civile, l'intention de saisir par lettre le département d'Etat américain au sujet de ce qu'il a qualifié de «déclarations inappropriées» de l'ambassadeur US. M'Barek Tamim, représentant des tribus A-Arib et Chraga, a préféré rappeler que «les 141 membres du Corcas, sans compter le président et le SG, représentent les différentes catégories sociales de la population sahraouie», appelant à son tour le diplomate américain à présenter des excuses publiques. Lors d'une rencontre mardi dernier à Ifrane, Thomas Riley aurait affirmé que «ses propos sur la question du Sahara avaient été déformés et qu'il reviendrait incessamment sur les propos qui lui sont attribués».