Face au risque de pénurie de lait qui s'annonce pour les mois à venir, le ministère de tutelle décide d'agir. Un projet d'exonération provisoire des taxes douanières pour l'importation de la poudre de lait est en cours de préparation. L'alerte lancée par les producteurs et industriels du lait semble avoir eu un écho favorable chez les responsables du ministère de tutelle. Le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, Mohand Laenser a, en effet, annoncé, mercredi 25 avril, que son département est en train d'élaborer un projet d'exonération provisoire des taxes douanières. Le projet parle d'une exonération pour le lait en poudre jusqu'au 31 décembre 2007 et pour le lait stérilisé entre le 15 août et 15 octobre 2007 afin d'assurer l'approvisionnement du marché durant le mois de ramadan. Selon Mohamed Loultiti, président de la Coopérative agricole, COPAG, «les professionnels, pour faire face au renchérissement de la poudre de lait sur le marché international ont demandé une exonération totale et d'une manière provisoire, des droits de douane». «Ceci permettra, précise-t-il, de faire face à la pénurie de lait que va connaître le Maroc dans les mois à venir, et ce, à cause notamment de la faiblesse des précipitations au cours de cette saison». Ce réaménagement provisoire des barrières douanières ne devrait pas affecter l'économie nationale et cette mesure «doit être appliquée le plus vite possible», ajoute M. Loultiti. «La production du lait enregistrera une baisse de plus de 15% au niveau des différentes régions du Maroc en raison du déficit pluviométrique au cours de l'actuelle campagne agricole», a précisé le ministre lors d'une intervention au sein du Parlement. «Cette situation a entraîné, affirme-t-il, un manque en réserves fourragères de plus de 3 milliards d'unités». À rappeler que le prix de la tonne est passé de 1.900 euros à plus de 3.000 en quelques mois. Or au Maroc, comme l'a expliqué dernièrement Abderrahmane Tarabi, directeur des achats et de la production à la Centrale Laitière, l'importation du lait en poudre est soumise à une forte imposition. Les droits de douane s'élèvent à 60%, ce qui rend encore plus chère la tonne du lait en poudre achetée sur le marché international. Or, précisait-il l'importation est aujourd'hui «la seule solution pour faire face à la pénurie». Aussi a-t-il jugé indispensable d'adopter des mesures adéquates pour ne pas pénaliser davantage les importateurs. La solution reste, comme le soutiennent les professionnels du secteur, de trouver un système palliatif sur une période limitée. Ce qui revient à consentir une réduction, voire une exonération, des droits de douane pour permettre aux professionnels de reconstituer leurs réserves en poudre de lait. À noter que le Maroc risque de connaître une pénurie en lait dès les mois de juin et juillet. En effet, explique-t-on, cette période correspond à la saison de basse lactation, ce qui suppose un déficit au niveau de la collecte. À cela s'ajoute le problème de disponibilité sur le marché international, lui-même sujet à de graves perturbations. Et si des mesures d'urgence ne sont pas prises, le risque de pénurie peut se prolonger au delà de cette période, prévient-on. Ainsi, le mois de Ramadan qui connaît une forte demande en produits laitiers coïncide cette année avec la période de basse lactation. Par conséquent, la seule solution envisageable pour le moment c'est le recours au marché international pour s'approvisionner en poudre de lait.