La deuxième édition du Festival «théâtre et culture» s'est ouverte le vendredi 20 avril avec l'hommage au dramaturge espagnol José Mon Leon. ALM l'a rencontré. Entretien. ALM : Un hommage vous a été rendu vendredi lors de l'ouverture de la deuxième édition du festival théâtre et culture. Quelles sont vos impressions après cet hommage ? José Mon Leon : L'idée de me rendre hommage me fait chaud au cœur. Je suis très content de retrouver mes amis marocains avec qui j'ai travaillé pendant plusieurs années dans le cadre de plusieurs projets menés par la Fondation de l'institut du théâtre méditerranéen. Le Maroc est un pays qui ne m'est pas inconnu et cela me fait forcément plaisir qu'on pense à moi de cette manière et qu'on me rende hommage durant ce Festival Théâtre et culture. Le projet Al Mutamid de coopération hispano-marocaine fait partie des programmes de la Fondation de l'institut du théâtre de la Méditerranée que vous dirigez. Où en est aujourd'hui ce projet ? Nous avons créé ce projet à la fin des années 90 pour établir des contacts artistiques entre le Maroc et l'Espagne. C'est une façon de se rapprocher davantage et d'essayer de favoriser les points communs entre nos deux cultures. C'est ainsi qu'il y a eu l'implication de l'Institut supérieur des arts dramatiques et de l'animation culturelle (ISADAC). Nous avons organisé en commun plusieurs manifestations dont des colloques et des ateliers de formation. Ceci dit, à un certain moment les relations entre le Maroc et l'Espagne n'étaient pas au beau fixe et cela donnait naissance à des complications. Les activités organisées dans ce cadre voyaient leur nombre se réduire. Avec la venue du gouvernement Zapatero, les relations hispano-marocaines commençaient à s'améliorer. Actuellement, il y a un climat de paix et une volonté de s'entendre. Les deux gouvernements sont en lutte contre le fanatisme et la violence. Vous avez toujours défendu le théâtre comme étant un vecteur de paix et d'entente entre les peuples. Ne pensez-vous pas que cette thèse a une connotation beaucoup plus politique que culturelle ? L'institut est né autour de cette idée que le théâtre est un vecteur important, il favorise les rencontres et par là même diffuse la paix. Le théâtre qui est le père des arts a une portée politique. Il pose des questionnements en rapport avec la condition humaine. Lorsque le théâtre évoque des questions sérieuses et parle des conflits, il est donc forcément politique. Au niveau mondial, le grand théâtre a une portée politique. Mis à part le théâtre de vaudeville et d'autres formes de théâtre du divertissement, la politique est inhérente à cet art. La Fondation de l'institut international du théâtre méditerranéen a lancé il y a quelques années la manifestation «l'Odyssée». En quoi consistait au juste cette activité ? Il s'agit d'un voyage à bord d'un navire et auquel participent plusieurs artistes de disciplines différentes. Nous avons déjà effectué deux voyages qui nous ont menés de l'Europe jusqu'au pays du Maghreb. Il y avait près de dix pays qui ont participé à l'aventure. On comptait parmi nous des musiciens, des chorégraphes, des artistes peintres. C'était une expérience très agréable. Nous préparons actuellement l'Odysée du Danube, nous allons ainsi traverser le Danube pour enfin atteindre le sud du Maroc. La musique populaire de cette région sera ainsi redécouverte. Comment se porte le théâtre méditerranéen d'aujourd'hui ? Au niveau mondial, on remarque qu'il y a deux formes de théâtres qui cohabitent. Il existe le commercial, celui du divertissement et un autre beaucoup plus intellectuel. Il y a un public pour chacun de ces théâtres. Mais ce qu'il faut savoir et ce que je défends personnellement c'est que le théâtre doit s'adapter avec l'évolution du monde aujourd'hui. Les idées et les significations changent. Le théâtre le peut se cantonner dans son carcan traditionnel. Il faut donc réfléchir pour établir une culture alternative. Une culture qui doit être l'affaire des gens et non de l'Etat.