Que s'est-il passé au huitième congrès de l'AMDH, qui s'est déroulé du 19 au 21 avril ? Les militants relèvent de «graves déviations» par rapport au rôle supposé de l'association dans la défense des droits de l'Homme. L'AMDH serait-elle au bord de «l'implosion» ? La question a surgi dès le lancement des travaux du huitième congrès de cette association, jeudi soir au Théâtre national Mohammed V, à Rabat. Des pratiques peu amènes ont fait surface lors de l'ouverture de ce congrès, au grand étonnement des militants. L'arrivée de représentants de partis invités, dont l'USFP et le PPS, a été accueillie par des vociférations stridentes. «Cette réaction, manifestée par un bataillon de jeunes «téléguidés», prouve d'abord que l'association n'a pas joué suffisamment son rôle dans l'encadrement et l'éducation aux droits de l'Homme», explique Mohamed Tarek, un congressiste et membre fondateur de l'AMDH. Le ministère de la Justice, quand bien même il aurait participé au financement des travaux du congrès, n'a pas échappé non plus aux huées. Le paradoxe est flagrant. «Je me demande comment on peut contester une partie et accepter en même temps d'être financé par elle», s'interroge M.Tarek, avocat de son état. Mais passons, il y aurait plus grave. «Ce procédé est loin d'être l'œuvre des jeunes militants, ou supposés tels», ajoute M. Tarek. «Le président sortant, Abdelhamid Amine, a procédé à la militarisation de ce congrès», proteste notre interlocuteur. Le choix «biaisé» des congressistes est montré des doigts. «Le choix des congressistes ne s'est pas fait sur la base de l'aptitude, de la compétence, ou plus encore de la formation de chacun, loin de là. Ces critères ont, hélas, été écartés à des fins électoralistes», dénonce-t-il. Même son de cloche chez un autre militant de l'AMDH, Thami Belmaâlem. «Le congrès a été noyé de pseudo-militants, recrutés en grand nombre afin d'influer sur le processus électoraliste», a-t-il confirmé. «Depuis la création de l'Association en 1979, et au fil des différents mandats, dont celui d'Ali Oumlil, premier président de l'Association, je ne me suis jamais senti aussi dépaysé», regrette M. Tarek. Plus regrettable, poursuit notre interlocuteur, est «l'asservissement de l'Association à des fins politiciennes». Pour plusieurs militants, l'association aurait «dévié» de son principe fondateur, soit la défense des droits de l'Homme, pour se transformer en «porte-voix d'idées d'extrême gauche». «L'AMDH est devenue la chasse gardée des militants de l'ancien mouvement Ila al amam», critique M. Belmaâlem. «La forte présence d'Ila al amam risque de nous ramener plutôt en arrière», a-t-il dit, d'un ton ironique. Hier, une partie influente au sein du parti «Annahj», auquel appartient le président sortant, s'échinait à introduire, dans le communiqué final du congrès, une recommandation contestant «la souveraineté du Royaume du Maroc sur ses provinces sahariennes», protestent des congressistes. Cette dérive, à laquelle ces derniers affirment s'être opposés avec toutes leurs forces, en dit long sur l'intention de certains de faire de l'Association un «instrument de règlement de comptes politiciens». Un fait qui n'est surtout pas pour servir les droits de l'Homme.