Mauritanie. A 41 ans, Zeine Ould Zeidane devient l'un des plus jeunes premiers ministres que la Mauritanie ait jamais connus. Dans son ascension, le jeune natif de Tamchakett a bénéficié de bien de vents favorables. Moins de 48 heures après sa prestation de serment, jeudi 19 avril 2007, le nouveau président mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, a choisi son premier ministre. Il s'agit sans surprise du jeune Zeine Ould Zeidane, âgé de 41 ans et originaire de l'Est. Un cadre brillant en économie mais pas un matou en politique, résume un observateur averti. Le score des 15% obtenu au soir du premier tour des élections présidentielles, le 11 mars dernier, a comblé ce gap ouvert à deux battants pour Zeidane, les portes de la Primature. Sur ses compétences, la presse mauritanienne mentionne une succession de diplômes et de hautes responsabilités. Sur son appartenance politique, les journaux de l'opposition voient souvent en M. Ould Zeidane, un candidat de l'ancien régime. Une qualité difficile à endosser durant les premières semaines de l'alternance. A priori, tout semblait compromis pour ce jeune titulaire d'un DEA lors du reversement de Maâouiya Ould Sidi Ahmed Taya, le 3 août 2005. A cette date-là, M.Ould Zeidane était Gouverneur de la Banque centrale, poste qu'il occupait juste après une brève transition dans le cabinet de M. Taya en tant que conseiller économique. On lui reconnaît comme fait d'armes, en tant que directeur de la Banque centrale, le redressement spectaculaire de la monnaie locale (l'Ouguiya), aidé en cela –il est vrai- par une descente musclée de la police dans les milieux du change. Les fonctions d'Ould Ziedane à la Banque centrale furent mises fin en septembre 2006, sur fond d'une violente campagne de presse qui vire parfois au dénigrement. A cette date-là, nul n'aurait parié une chamelle sur l'avenir politique de Zeine Ould Zeidane ? Et pourtant ! Le natif de Tamchekett (Est), en bon mathématicien, évite soigneusement de polémiquer en attendant son heure. Les vents du désert ne soufflant jamais dans un seul sens, celle-ci ne tardera pas à venir. Avec l'autorisation donnée aux candidats indépendants de participer aux différentes élections , Zeine Ould Zeidane fédère des voix depuis son bastion dans le centre et l'est et se lance dans la course, réunissant bientôt les déçus de l'ex parti au pouvoir et tous ceux qui ne se reconnaissaient pas dans les formations politiques existantes. Bien qu'appartenant à deux régions éloignées l'une de l'autre, le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, lui aussi issu des parages de l'ancienne majorité présidentielle et Zeine Ould Zeidane, plusieurs fois nommé à de hautes responsabilités sous M.Taya, puisent presque dans le même vivier électoral. L'alliance signée entre les deux candidats durant l'entre-deux tours était en cela une suite logique contrairement au seisme politique provoqué par le ralliement dans le camp du nouveau président d'un certain Messaoud Ould Boukheir, opposant invétéré et qui convoitait aussi le fauteuil de Premier ministre. La balance a penché finalement vers Zeine Ould Zeidane, non seulement plus jeune, mais aussi plus formé et à même d'incarner la Mauritanie du renouveau. Le choix d'un profil économiste, fin connaisseur des rouages des institutions internationales (Banque mondiale, FMI) pour former le gouvernement est vu comme un signal sur les priorités de ce premier mandat de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Les observateurs attendront néanmoins pour se prononcer , la distribution des portefeuilles ministériels. D'ores et déjà, l'on peut avancer sans grand risque de se tromper que la composition de ce gouvernement ne sera pas facile surtout si celui-ci devra reproduire les nombreuses alliances signées par le nouveau locataire du Palais présidentiel avec la kyrielle de petits candidats malheureux ralliés en masse. Notons que dans la nouvelle Constitution mauritanienne, le Premier ministre est doté de larges pouvoirs, exerçant par délégation le pouvoir exécutif.