Le gouvernement vient de lancer un programme d'urgence de 104 millions DH pour la sauvegarde et la protection du cheptel. Les agriculteurs demandent bien plus que des mesures conjoncturelles, un véritable «plan d'émergence». «C'est une mesure importante. Mais tout dépend de la manière avec laquelle cette aide sera répartie», affirme Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l'agriculture et pour le développement rural, COMADER. «C'est une mesure d'urgence qui doit être appliquée avec célérité», souligne, en substance, M.Ouayach qui réprouve les lourdes procédures administratives qui peuvent la vider de son sens. «Toutefois, et avant toute mesure et pour en garantir l'efficacité, il faut d'abord une véritable étude des lieux», ajoute-t-il. Le président de cet organisme regroupant une quarantaine d'associations et qui intervient dans toutes les filières du domaine, va au-delà de simples mesures d'urgence et appel à un véritable «plan d'émergence» pour l'agriculture. Un plan d'action à long terme qui prévoit une restructuration du secteur agricole. Un plan de mise à niveau et des programmes d'aide et de reconversion pour sauver l'agriculture. «Car, dit-il, la sécheresse est aujourd'hui un phénomène structurel et une année de bonne récolte, est une exception». «Il faut un plan anti-sécheresse plus important», tranche-t-il. «Les effets des dernières pluies», estime M. Ouayach, seront limités, voire néfastes pour certaines filières, mais l'année sera «moyenne» ou peut-être «moins que moyenne». Aussi, s'avère-t-il nécessaire d'entreprendre, dès à présent, un plan d'action pour la prochaine campagne agricole. Les agriculteurs réclament, en effet, plus de subventions, des aides, un rééchelonnement des dettes et des crédits sans intérêts. Il faut également rembourser, «sans attendre le mois de juin, car ce sera trop tard», prévient M. Ouayach les agriculteurs qui ont adhéré au programme de garantie de la production céréalière contre la sécheresse. A long terme, il s'agit de mettre en place un plan d'émergence qui comprend, des opérations de reconversion de certaines surfaces agricoles vers l'olivier ou autres, une restructuration du marché interne, la gestion de l'eau, les répercussions des accords de libre-échange, … La liste des propositions de la Confédération comprend une quinzaine de points. Pour le moment, le plan d'urgence lancé par le ministère vise essentiellement la sauvegarde du cheptel. Il s'articule autour de trois axes, l'approvisionnement du marché en aliments de bétail, l'abreuvement et la protection sanitaire du cheptel. Pour ce qui est de l'approvisionnement du marché en aliments du bétail, il est question de suppression des droits d'importation et de la TVA et la prise en charge des frais de transport. Le gouvernement prend, en outre, en charge les frais d'approvisionnement en eau d'abreuvement et la création, l'aménagement et l'équipement d'une centaine de points d'eau dans les parcours arides et semi-arides. Concernant la protection sanitaire du cheptel, une enveloppe de 20 millions DH a été débloquée pour l'acquisition des médicaments et des vaccins.