Malgré le flagrant délit, les adeptes de Cheikh Yassine tentent de politiser l'affaire Ghoulam en accusant la police d'avoir tout manigancé. Al Adl Wal Ihssane a fini par faire bloc derrière son chanteur Rachid Goulam, impliqué dans une affaire de mœurs à El Jadida et poursuivi, en état d'arrestation, devant le tribunal de première instance de cette ville. Mercredi, lors de la première comparution du «rossignol» d'Al Adl, des centaines de membres de cette dernière ont manifesté devant le tribunal où plus d'une vingtaine d'avocats adlistes s'étaient déplacés pour la défense du prévenu. Selon la version avancée par la Jamaâ, Rachid Ghoulam aurait été arrêté à Casablanca par des éléments de la «police secrète» qui l'auraient conduit dans une forêt avant de l'emmener à El Jadida. Dans l'une des maisons de cette ville, les policiers auraient convoqué une prostituée avant d'appeler leurs collèges d'El Jadida pour l'arrêter et l'entraîner dans une affaire de justice entrant dans le cadre de la «campagne du Makhzen contre la Jamaâ». Une version qui fait sourire un responsable qui a suivi les péripéties de l'enquête depuis le début. Cette source affirme que la version d'Al Adl, «soufflée» d'ailleurs à Rachid Ghoulam, ne tient pas debout. «Que dire alors de la voiture de M. Ghoulam trouvée également à El jadida et dont il avait les clés au moment de son arrestation?», s'interroge notre interlocuteur qui s'exprime également sur le déroulement de l'arrestation du chanteur d'Al Adl Wal Ihssane. Ce dernier, quand la police s'était présentée au domicile d'une entremetteuse du quartier «El Berkaoui», était sans chaussures, sans veste et s'apprêtait à passer à l'acte en compagnie de sa complice, vêtue, elle, d'une chemise de chambre. Les policiers, précise une source judiciaire, n'étaient nullement au fait de l'appartenance de Rachid Ghoulam à Al Adl Wal Ihssane. Ils l'ont découvert seulement une fois dans les locaux de la police judiciaire de la ville. D'ailleurs, une source policière indique que Rachid Ghoulam avait avoué, au tout début, être un client habituel de cette entremetteuse d'El Jadida et avoir dit regretter son acte. Il s'était rétracté par la suite, fort du soutien des siens, pour narrer les péripéties de ce qui s'apparenterait à un scénario bien ficelé, mais «trop voyant». D'ailleurs, une première expertise médicale, ordonnée par le juge d'instruction d'El Jadida, a déjà démontré que Rachid Ghoulam ne présentait nullement de traces de torture comme il l'avait allégué dans la version véhiculée par les siens. Rachid Ghoulam est poursuivi en état d'arrestation pour adultère et incitation à la débauche. Sa femme, se trouvant aux Etats-Unis où elle poursuit ses études, a décidé de ne pas le poursuivre devant la justice en envoyant un téléfax aux juges. Les magistrats, lors de la séance de ce vendredi, devront statuer sur la recevabilité de ce document. Al Adl Wal Ihssane a décidé de poursuivre sa mobilisation en faveur de son chanteur en appelant de nouveau ses militants à manifester devant les locaux du tribunal de première instance d'El Jadida. Rachid Ghoulam a été arrêté dimanche dernier dans la soirée au quartier «El Berkaoui». Ce quartier est célèbre dans cette ville pour abriter des maisons louées aux couples à la recherche de moments d'intimité, mais aussi pour avoir été le théâtre, ces derniers mois, de deux meurtres d'étrangers en relation avec des affaires de mœurs.