Au Sénégal, la campagne électorale entre dans sa phase finale. Le 25 février, 4,9 millions d'électeurs sont appelés à élire l'homme qui dirigera le pays durant les cinq prochaines années. Au Sénégal, la campagne électorale pour les présidentielles du 25 février entre dans sa phase finale. Les quinze candidats en lice se sont lancés depuis près de deux semaines dans une rude bataille médiatique pour séduire 4,9 millions d'électeurs appelés à élire celui qui dirigera le pays durant les cinq prochaines années. Le président sortant Abdoulaye Wade brigue un second mandat avec l'ambition, dit-il, de terminer ses «grands chantiers». Depuis son arrivée au pouvoir en 2000, le président Wade a lancé une série de grands projets dans l'ensemble du pays. À Dakar, par exemple, des travaux de construction d'une autoroute de 40 km sont en cours actuellement. Le projet d'un deuxième aéroport dans la capitale sénégalaise et dont le coût s'élève à quelque 500 millions d'euros, est en cours de réalisation, afin de décongestionner celui de Dakar-Yoff. Avec un projet de société ambitieux, Me Wade avait su séduire l'électorat et battre le président socialiste Abdou Diouf. Aujourd'hui, le même enthousiasme anime ses partisans qui veulent lui accorder un second mandat pour lui donner un peu plus de temps pour pouvoir parachever son programme. Ses adversaires ne l'entendent pas de la même oreille et multiplient les critiques au vitriol pour minimiser le bilan du président sortant. Un bilan qu'ils jugent «insatisfaisant». Pour la majorité des opposants de M. Wade, y compris son ancien Premier ministre Idrissa Seck, le Sénégal a besoin d'un «changement». Le Parti socialiste, principal parti d'opposition dont le candidat est Ousmane Tanor Dieng, parle même « d'échec » de la gouvernance de Me Wade pour tenter de récupérer le pouvoir qu'il avait perdu en 2000. Défendant ses sept ans au pouvoir, le candidat-président a répliqué à ces critiques en affirmant que «le parti socialiste ne serait même pas capable d'imaginer» certaines de ses réalisations. Le chômage, la corruption ou encore la fiscalité, ont été au centre de la campagne électorale qui a permis également aux candidats en lice d'évoquer la question de l'émigration, qui a fait l'actualité au Sénégal durant les deux dernières années. Au lieu d'avancer des solutions permettant de retenir sur place les jeunes et les dissuader d'emprunter les vagues périlleuses de l'Atlantique, les candidats ont choisi la voie de la facilité en dénonçant les accords de rapatriement signés avec l'Espagne et la France. En tout cas, les urnes vont rendre leur verdict ce dimanche. Ce scrutin présidentiel est marqué par la participation, pour la première fois, des corps habillés sénégalais (soldats, gendarmes, policiers, douaniers, gardiens de prison, agents des eaux et forêts et sapeurs-pompiers), qui ont voté le week-end dernier. Le vote des militaires et autres corps assimilés a été interdit au Sénégal en 1962, au lendemain d'une crise politique profonde entre l'ancien président, Feu Léopold Sédar Senghor, et son Premier ministre de l'époque, Mamadou Dia, accusé d'avoir voulu organisé un putsch. En 2006, le Parlement sénégalais, saisi par le gouvernement, a adopté une loi levant cette interdiction, en dépit des réserves de certaines formations politiques dont le Parti socialiste (PS-au pouvoir de 1960 à 2000). L'opposition est contre cette réforme. Pour eux, il faut tenir l'armée « hors du jeu politique ».