La guerre des formats pour succéder au DVD risque de tourner à l'échec pour les deux concurrents en lice. Alors que les problèmes techniques se multiplient, les ventes décevantes traduisent les doutes des consommateurs. Mais la solution existe. Toshiba vient de reporter à janvier 2007 le lancement en Europe de ses lecteurs de salon HD-DVD initialement prévu pour la fin du mois. Des problèmes techniques, nous dit-on, sont venus contrarier les exigences de qualité du japonais. Ce nouvel incident est symptomatique. La cohabitation de deux formats différents, HD-DVD d'un côté, Blu-Ray de l'autre et les multiples retards dans leur développement respectif ont rendu le marché de la vidéo haute définition pour le moins ténébreux, et donc risqué pour le consommateur. D'ailleurs, la présence des lecteurs Toshiba sur les linéaires à Noël n'aurait sans doute guère modifié un état des lieux calamiteux. Les ventes de lecteurs DVD de seconde génération font, pour l'instant, du rase-mottes. Aux Etats-Unis, où ces produits sont disponibles depuis plusieurs mois, la Consumer Electronics Association a dû en rabattre sur ses ambitions. Le volume de ventes pour 2006 ne devrait pas dépasser les 275.000 unités au lieu des 600.000 prévu à l'origine. Une situation que Thierry Chabrol, directeur général de Toshiba France pour les produits grand public juge pourtant normale: «Comme à chaque fois avec un nouveau standard ou une nouvelle technologie, seuls les ‘‘early adopters'' se manifestent indique-t-il. Le grand public arrivera ensuite. Nous ne prévoyons pas de marché de masse avant fin 2007-début 2008». Pour l'heure, en France, l'offre de lecteurs haute définition se limite donc à deux appareils au format Blu-Ray proposés à 1.799 euros et à 1.299 euros. Ce n'est pas donné. Et ce d'autant plus que pour exprimer tout le potentiel des successeurs du DVD, il faut disposer d'un téléviseur Full HD. Ceux qui viennent d'investir dans un écran plat simplement HD-Ready apprécieront… C'est pourquoi ce sont les consoles de jeux qui portent les principaux espoirs. Microsoft s'apprête à sortir un lecteur externe HD-DVD pour sa Xbox 360 mais il faudra débourser pour cela un supplément de 200 euros. Quant à la PlayStation 3 de Sony, qui sera lancée ce dimanche aux Etats-Unis et au printemps prochain en Europe, elle intègrera un lecteur Blu-Ray. L'offre, pour le moins disparate, ne plaide donc guère en faveur de l'un ou l'autre de ces formats. «C'est une c… maximale ! Aucun marché ne supporte deux catégories de standards à long terme. Il y aura disparition de l'un ou de l'autre, ou fusion», tempête Victor Jachimowicz, directeur du laboratoire de la Fnac. Précisément. Le lecteur universel, capable de lire indifféremment des DVD au format HD-DVD ou Blu-Ray, est déjà dans les tuyaux. Les fabricants de semiconducteurs comme Broadcom, STMicro ou Nec travaillent en effet sur des puces hybrides. Cité par le site spécialisé EETimes, Christos Lagomichos, directeur général de la division produits grands publics chez STM assure ainsi qu'en 2008, «un volume significatif de lecteurs DVD haute définition sera universel». Tandis que Chris Crotty, analyste chez iSuppli, s'attend à voir commercialiser les premiers équipements universels dès l'an prochain. • Gilles Musi (L'Expansion.com)