Seuls 15% des fichiers téléchargés en France sont payés, selon l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe. Une nouvelle étude sur le téléchargement montre que les internautes téléchargeant illégalement sont toujours les plus nombreux en France. Mais elle laisse apparaître qu'une amélioration des offres payantes pourrait inverser la tendance. Les adeptes français des réseaux peer-to-peer sont-ils que des irréductibles pirates? Pas sûr si l'on en croit les résultats d'une étude baptisée «Monitoring du téléchargement» , réalisée conjointement par Médiamétrie/Netratings et l'Idate (Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe). Selon leurs données, 55% des internautes pratiquent le téléchargement (musique, films, jeux vidéo et logiciels) en France, contre 59% au Royaume-Uni et 47% aux États-Unis. Mais la proportion de fichiers téléchargés légalement n'est que de 15% en France, pour 3,8 euros par mois. Elle atteint 20% au Royaume-Uni (7,3 euros par mois), et 25% aux Etats-Unis (5,2 euros par mois). «Ces disparités s'expliquent par une différence de maturité des marchés, des offres, mais aussi dans la lutte contre le piratage», souligne Laurent Michaud, analyste en charge des loisirs numériques pour l'Idate. Le peer-to-peer est plus développé en France que dans les autres pays, avec environ la moitié des foyers connectés qui ont utilisé une telle application dans les trois derniers mois. Cette proportion était de 38% en septembre 2006. «Les Français sont moins enclins à être convaincus par les offres payantes, mais cela ne signifie pas forcément qu'ils sont plus tricheurs: sur les 9 millions d'internautes qui utilisent les réseaux peer-to-peer, seules 1,9 million de personnes n'achètent jamais de fichiers», poursuit Laurent Michaud. Preuve qu'il y a donc une attente et de la place pour des offres légales, avec des modèles diversifiés : «Une amélioration de l'offre, dans sa composition, dans ses fonctionnalités, et sa variété pourra convertir les gens qui pratiquent toujours des téléchargements illégaux», analyse-t-il. «Apple a prouvé qu'on pouvait solvabiliser une activité de vente en ligne, même si son modèle de subvention croisée entre ses baladeurs iPod et sa plate-forme iTunes est spécifique». Il y a selon Laurent Michaud, «Deux facteurs puissants» qui devraient guider les maisons de disques dans le développement des offres légales: tout d'abord, proposer une diversité de modèles économiques plus grande, notamment avec des offres par abonnement. Second facteur: les maisons de disques doivent adapter ces modèles aux usages des consommateurs. Et c'est là qu'intervient le débat actuel sur les DRM (gestion numérique des droits), les systèmes anticopie qui empêchent les fichiers téléchargés sur des plates-formes légales d'être compatibles avec tous les baladeurs numériques. «Faut-il des DRM? Je répondrais oui, pour mieux apprendre à connaître les usages du consommateurs, mais pas pour les contrôler», nuance l'analyste de l'Idate. «Les DRM seront acceptées si on propose au client une palette de produits associés à des droits précis, avec une gamme de prix différenciées». Ainsi un simple morceau de musique pourrait-il être vendu en MP3, alors que le même morceau donnant accès à des vidéos clips exclusifs, des chats avec l'artiste ou d'autres bonus pourrait intégrer une DRM. À l'utilisateur de choisir ce qui lui convient. • Source : ZDNet France