Après l'OPA de Mittal Steel sur Arcelor, un autre groupe indien, Tata Steel, vient de racheter un grand producteur mondial d'acier. Des acquisitions sur fond de tension sur les prix. C'est la deuxième grosse transaction mondiale dans le domaine de l'acier en l'espace de quelques mois. Courant 2006, Mittal Steel, groupe de nationalité indienne, avait bouleversé les conceptions traditionnelles en économie, en lançant une Opa sur Arcelor, un groupe européen. Le 29 janvier 2007, un autre groupe indien, en l'occurrence «Tata Steel» débloque 11,3 milliards de dollars pour l'acquisition de «Corus», cinquième producteur mondial d'acier avec une capacité de 19 millions de tonnes par an. Contrairement à Arcelor, qui avait repoussé dans un premier temps Mittal Steel, Corus, né en 1999 de la fusion entre British Steel et le néerlandais Hoogovens, et dirigé par le Français Philippe Varin, souhaitait de longue date s'allier à un concurrent d'un pays émergeant, disposant de gisements de minerai de fer. La conclusion de l'accord intervient en pleine tension sur les cours mondiaux de l'acier. Le secteur est entraîné par la Chine qui, avec 418 millions de tonnes d'acier, produit désormais le tiers de la production mondiale, qui a atteint le niveau record de 1,239 milliard de tonnes. La société «Corus» et ses 47 300 salariés a basculé ainsi dans l'escarcelle du groupe indien, aux lieu et place du brésilien «CSN» dont l'offre a été jugée moins intéressante. A noter que l'Inde et le Brésil font partie tous deux des pays catégorisés dans le bloc des «économies émergentes » et qui ont besoin de maîtriser les fluctuations du marché des matières premières pour alimenter leurs croissances à deux chiffres. Pour ne pas perdre la partie, Tata Steel a déboursé 34% de plus par rapport à son offre initiale. Le nouveau groupe deviendra le cinquième aciériste mondial selon Corus et Tata, le sixième selon les chiffres de la Fédération internationale de l'acier, avec quelque 23 millions de tonnes produites par an. Pour les analystes, ce rachat illustre en effet la montée en puissance des groupes industriels des grands pays émergents, aux dépens des puissances traditionnelles. Reste à savoir si l'acier reste un secteur rentable malgré la forte demande de ces pays émergents. Les spécialistes divergent : l'agence de notation Standard and Poor's s'attend ainsi à une baisse de la production en 2007, tandis que le cabinet de consultants britannique MEPS la voit progresser de 5,4%. En 2006, le sidérurgiste européen Arcelor a été racheté pour 27 milliards d'euros par le leader mondial du secteur, Mittal Steel, coté aux Pays-Bas mais dirigé par l'homme d'affaires indien Lakshmi Mittal. Toujours dans l'acier, l'américain Oregon Steel Mills a été repris par le russe Evraz. Un autre indien, United Breweries, est aussi en passe d'acheter le fabricant écossais de whisky Whyte & Mackay, alors que le groupe pharmaceutique indien Ranbaxy convoite la division de médicaments génériques de l'allemand Merck KGaA, évaluée à quatre milliards d'euros. Des groupes chinois, AS Watson et Nanjing Automobile, ont acheté la chaîne de parfumerie française Marionnaud ou le fabricant d'automobiles britannique Rover.