Nicolas Sarkozy a été sommé de s'expliquer sur des informations l'accusant de s'être servi de ses prérogatives de ministre de l'Intérieur pour enquêter sur l'équipe de Ségolène Royal. Une nouvelle polémique dans le duel à distance que se livre les favoris des présidentielles en France, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Reprenant les affirmations du "Canard enchaîné", le Parti socialiste a accusé le ministre français de l'Intérieur d'avoir espionné l'entourage de Ségolène Royal. Dans son édition du 24 janvier, l'hebdomadaire satirique affirme que sur «ordre en provenance du cabinet du ministre de l'Intérieur, des investigations ont été menées par les Renseignements généraux sur Bruno Rebelle, ex-directeur de Greenpeace France». Le premier secrétaire du parti et compagnon de Mme Royal, François Hollande a aussitôt réagi en demandant des "vérifications". «Je demande que ces informations soient, je l'espère, infirmées, mais si elles sont confirmées, alors il faudra en tirer toutes les conséquences au niveau de la campagne présidentielle», a-t-il prévenu. François Hollande a expliqué qu'il faut que «M. Sarkozy ne cumule pas comme il le fait aujourd'hui les fonctions de ministre de l'Intérieur, avec tous les moyens dont il peut disposer, avec la responsabilité éminente d'être candidat à l'élection présidentielle». Évoquant des «pratiques inacceptables», le porte-parole du PS, Julien Dray, pour sa part, en a appelé directement au président français, Jacques Chirac. Il a demandé au chef de l'Etat «de rappeler les règles élémentaires et de donner toutes les garanties du respect des principes démocratiques ». Le groupe socialiste à l'Assemblée nationale a même exigé le «départ immédiat» de la place Beauvau du ministre-candidat, qui assure qu'il quittera son poste quelques semaines avant l'élection. Les proches du candidat de droite ont, eux, démenti les informations de l'hebdomadaire français. «C'est faux, il n'y a aucune enquête sur la famille Royal ou sur son entourage», a déclaré le cabinet du ministre de l'Intérieur. Cependant, selon "Le Parisien" de jeudi matin, plusieurs sources du ministère de l'Intérieur auraient confirmé qu'une enquête avait été demandée à la demande d'un membre du cabinet de Nicolas Sarkozy. La direction des Renseignements généraux a reconnu que la fiche de Bruno Rebelle a été «automatiquement réactualisée». Ce dernier a, d'ailleurs, annoncé qu'il portera plainte pour faire la lumière sur cette affaire. «C'est tellement ridicule, il faut qu'ils gardent leurs nerfs, surtout qu'ils restent calmes», a rétorqué M. Sarkozy. «Une enquête sur qui? Sur quoi ? Pour chercher son programme (à Mme Royal, ndlr) ? Ce n'est pas une enquête, c'est une exploration », a ironisé le ministre-candidat toujours fidèle à lui-même. «Ils sont vraiment extraordinaires, je vais finir par croire qu'ils ont vraiment des ennuis», a poursuivi le candidat UMP. Ce nouvel épisode du «feuilleton électoral français» intervient alors que la candidate du PS multiplie les interventions médiatiques depuis quelques jours, après l'entrée en fanfare en campagne de Nicolas Sarkozy et un fléchissement dans plusieurs sondages, où elle est donnée battue au deuxième tour par son rival (52% contre 48%, selon deux sondages mercredi 24 janvier). La semaine dernière, le PS avait accusé l'UMP d'être derrière les rumeurs sur une tentative de se soustraire à l'ISF du couple Hollande-Royal, le premier secrétaire portant plainte contre le député UMP Jacques Godfrain, Mme Royal dénonçant des méthodes de «racaille».