La course étant serrée, les concurrents nombreux et les obstacles très fréquents ; maintenir le cap et rester au peloton qui mène la course exigent une concentration sans faille. Il est normal, voire même instinctif de marquer, à l'occasion de la fin d'année, une petite pause pour jeter un coup d'œil en arrière, le temps de vérifier si le chemin parcouru a été aussi long qu'on l'espérait, si on a réussi à franchir tous les obstacles qui se dressaient devant soi et si on n'a pas raté, à un moment donné, l'occasion de marquer un virage ou de changer de cap. Mais le temps consacré à cette rétrospective devient de plus en plus court. On a même tendance à l'abandonner petit à petit. Et les gens commencent à ne plus s'attarder sur l'année qui vient de se terminer. Les choses avancent à un rythme terrible au point que tous ceux qui sont assoiffés de réussite n'ont plus le temps de faire le bilan. Ils préfèrent regarder vers l'avenir et continuer leur marche en maintenant la cadence. Le petit regard dans le rétroviseur, qui servait à donner une indication sur la justesse de l'orientation et la constance du rythme; n'étant devenu qu'un geste qui fait perdre du temps et qui comporte des risques de dérapage. La course étant serrée, les concurrents nombreux et les obstacles très fréquents; maintenir le cap et rester au peloton qui mène la course exigent une concentration sans faille. Cette nouvelle tendance est perceptible dans le cas du Maroc où il est clair que le fait de fixer le regard d'une manière imperturbable sur l'avenir est en train de s'installer comme une religion en matière de gestion du pays. On commence à se libérer de certains réflexes traditionnels qui consistent à s'attacher à des faits, des méthodes ou d'anciens événements au point même d'en faire le sujet principal de débats aussi capitaux que l'avenir de toute une nation. Assujettir le devenir de la vie politique nationale à des règlements de comptes dont l'origine remonte à plusieurs décennies ou prétendre se projeter dans l'avenir à travers des théories économiques obsolètes sont des exemples de la persistance de réflexes dont certaines classes politiques ont l'obligation de se débarrasser. Et la démarche adoptée, au sommet de l'Etat, depuis sept ans, d'ailleurs très claire sur cette question, a prouvé son efficacité : on se fixe un objectif, celui d'un Maroc moderne, économiquement prospère et politiquement stable et on avance. On concentre toute l'énergie dont on dispose sur ces objectifs et on fonce. Pour ce qui est du regard rétrospectif, la question a été réglée à travers l'IER et le Rapport du cinquantenaire. Plus la peine d'y revenir donc. Ce ne sera que perdre davantage de temps.