Avant son départ en pèlerinage, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a prononcé mardi à Alger un discours inattendu en marge de la signature de la Loi des finances 2007. Le président Abdelaziz Bouteflika a prononcé mardi une allocution dans laquelle il a appelé les hommes d'affaires algériens et étrangers à venir investir en Algérie. M. Bouteflika leur a promis des facilités fiscales et «un climat d'affaires favorable». Avant de prononcer son discours, il a signé la Loi de finances 2007 qui prévoit la poursuite du financement d'un plan de soutien à la croissance (2005-2009) et la réduction de la fiscalité pour favoriser la croissance et la création d'emplois en Algérie. Ce plan est doté de près de 140 milliards de dollars sur cinq ans. Il a également abordé le sujet du terrorisme et a promis «une lutte implacable» aux groupes armés islamistes algériens. À part les cadres à qui M. Bouteflika a demandé d'«engager une réflexion approfondie (...) sur l'après-pétrole» pour «préparer des alternatives aux hydrocarbures qui soient audacieuses et crédibles», il n'a interpellé personne. On se souvient encore de ses harangues lors des précédentes réunions où il avait fustigé, tour à tour, le gouvernement, le Don Quichotte Soltani, les walis et même les citoyens algériens. Il ne lui restait qu'à s'en prendre au président, c'est-à-dire lui-même, et il aurait fait le tour de la question. Celle-ci est fort complexe. La situation sociale n'est pas rose. Loin s'en faut ! Plusieurs secteurs professionnels revendiquent leurs droits légitimes les plus élémentaires. Les chômeurs réclament du travail pour pouvoir survivre en cette saison de froid et de pluie. Le nombre de mécontents ne cesse d'augmenter. Après les pharmaciens, les enseignants des lycées techniques, la marine marchande et les exploitants libres des stations-service menacent de faire grève. Même les boulangers sont montés au créneau. Ils menacent de recourir à la grève si le ministre du Commerce continue de faire la sourde oreille face à leurs revendications. Salah Souilah, secrétaire général de l'Union général des commerçants et artisans algériens (UGCAA) espère qu'il n'y aura pas de grève «car le perdant sera le citoyen algérien, pris en otage entre les revendications des boulangers et le silence des autorités». Le secrétaire général de l'UGCAA décrit la situation comme étant «très critique pour tout le monde». À l'épineux problème de se retrouver sans pain s'ajoute celui de ne pas avoir de quoi le payer ou de quoi acheter le mouton de l'Aïd. C'est le cas pour 20.000 travailleurs algériens qui n'ont pas reçu leurs salaires jusqu'à ce jour. La cause, selon des responsables algériens, serait d'ordre technique: pour récupérer leurs crédits, les banques effectuent leurs prélèvements directement sur les fonds des entreprises. Et pour clore l'année 2006 en beauté, la liberté d'expression en Algérie a été clouée au pilori par les autorités algériennes. En effet, plusieurs journalistes algériens ont été dernièrement arrêtés, notamment la directrice du journal algérien arabophone “El Fajr“, Hadda Hazzam, qui a été emprisonnée en raison de son implication dans une affaire de chèque sans provision. Idem pour Salah Mokhtari, journaliste du quotidien algérien arabophone «El Djazaïr News» qui a été condamné, lundi, à six mois de prison avec sursis pour “délit de presse“. Les autres victimes de cette escalade sont le directeur du quotidien algérien “El Watan“, Omar Belhouchet et le chroniqueur Chawki Amari qui ont écopé de trois mois de prison ferme chacun et d'une amende d'un million de dinars algériens.