Malgré la débâcle des Talibans, la population est encore loin de vivre dans la paix et la sécurité. L'aide internationale est pour cela indispensable. Qu'ils soient pachtounes, tadjiks, ouzbeks, turkmènes, hazaras, ou encore aloutches – la mosaïque d'ethnies présentes dans le pays–, les Afghans semblent peu à peu retrouver une vie normale interrompue après l'arrivée au pouvoir des Taliban en 1996. Les commerces réouvrent et les vendeurs sortent de leurs cachettes les quelques précieux ouvrages, les radios et les bijoux anciennement proscrits. Car sous le régime Taliban, l'interdit était de mise, du sport en passant par la télévision et le cinéma, les ouvrages en langue étrangère, les portraits, la musique… Aujourd'hui, les petits magasins d'alimentation tentent de répondre à la demande pressante d'une population longtemps rationnée. La vente de nombreux articles auparavant vendus sous le manteau, est désormais autorisée. Ce qui entraîne la multiplication des commerces et une baisse des prix. Très florissant, le secteur TV/hifi/vidéo redonne aux habitants le goût des loisirs, tout comme les bains publics enfin réouverts… Le retour à la normale, les femmes et les enfants l'espèrent aussi impatiemment. Selon l'UNICEF, le système éducatif afghan a pour ainsi dire disparu, 9 filles sur 10 et 2 garçons sur 3 n'allant plus à l'école. Les femmes, dissimulées sous leur burqa, privées de travail – alors qu'elles représentaient 70 % du corps enseignant, mais aussi 50% des fonctionnaires et des étudiants, et 40 % des médecins - d'ores et déjà font valoir leurs droits. Elles ont en effet établi une proclamation pour «l'instauration de droits égaux entre les hommes et les femmes en Afghanistan», lors du sommet organisé à Bruxelles cette semaine. Pour les civils, la partie n'est toutefois pas encore gagnée. Alors que les organisations humanitaires multiplient les appels à l'aide, les Nations Unies ont annoncé jeudi qu'une dizaine d'enfants étaient déjà morts de faim et de froid. L'UNICEF a ajouté que 100.000 d'entre eux ne passeront pas l'hiver si leurs familles ne reçoivent pas immédiatement une assistance extérieure. Parmi les plus touchées, on retrouve les populations déplacées, celles qui vivent dans les régions affectées par la sécheresse, notamment la province de Ghor (centre), mais aussi celles des camps de réfugiés aux frontières. Le taux de retour spontané des civils au pays est d'ailleurs actuellement de 2.000 personnes par jour, mais leur rapatriement organisé ne pourra pas se faire avant le printemps, selon le Haut Commissariat aux Réfugiés. Leur réinstallation devrait quant à elle prendre plusieurs années, un Afghan sur cinq – soit 4,5 millions de civils - étant réfugié à l'étranger ou déplacé à l'intérieur de l'Afghanistan, selon le HCR. Des déplacements intervenus avant même le début du conflit.