Le gouvernement autonome du pays basque a empiété sur la compétence exclusive du gouvernement central espagnol en politique étrangère et a signé un accord de coopération avec la prétendue RASD reconnaissant tacitement cette entité fantomatique. Le gouvernement autonome du pays basque (Espagne) vient de créer un antécédent grave en signant un accord officiel en matière de coopération municipale avec la prétendue république sahraouie (RASD). Il s'agit d'une première. Car, c'est la première fois qu'un gouvernement autonome signe un accord de ce genre et qui sous-entend la reconnaissance officielle de ladite république. Certes, le polisario a toujours bénéficié d'un grand soutien de la part des officiels au niveau de la plupart des autonomies, mais il a toujours été limité au soi-disant front polisario et n'a jamais concerné la fantomatique RASD. Les autonomies espagnoles, qui n'ont pas de prérogatives de politique étrangère selon la Constitution espagnole, ont toujours évité de compromettre la diplomatie espagnole en évitant de traiter avec les polisariens en tant que représentants d'un "Etat" et se sont toujours contentées de les recevoir en tant que mouvement. Mais, les dirigeants basques ont franchi ce pas en défiant les lois espagnoles, l'usage politique et la légitimité internationale. Ainsi, mardi dernier, des représentants du département de l'Habitat et des affaires sociales du gouvernement basque, l'Association des municipalités basques (Eudel), l'Institut basque de la femme (Emakunede) et l'Association des entités locales basques (Euskal Fondoa) ont signé un "accord de collaboration pour la coordination de la coopération municipale basque avec la république arabe sahraouie démocratique (RASD)". Cet accord a été signé au siège du gouvernement autonome dans la capitale de l'Autonomie basque Vitoria. La convention était signée au nom du gouvernement par le Conseiller (ministre du gouvernement autonome) à l'Habitat et aux Affaires sociales, Javier Madrazo. Ce dernier a déclaré à cette occasion que l'accord s'étale sur une durée de deux ans et aura un budget de 79.000 euros dont 60.000 seront attribués par le gouvernement autonome. Le reste sera offert par Euskal Fondoa. Le ministre basque a expliqué que l'objectif de cette convention était de "faciliter et d'améliorer la coopération décentralisée moyennant une série de recommandations basiques à l'ensemble des mairies, l'amélioration des contacts avec les responsables sahraouis chargés de la coopération". L'unité de coordination ainsi créée serait chargée de gérer la participation des municipalités basques et du gouvernement basque au développement des "municipalités sahariennes". Dans son allocution, le responsable basque a déclaré que les "peuples" basque et sahraoui vivent "une situation similaire" considérant que les deux ont les mêmes aspirations. Cette initiative du gouvernement basque représente, outre son hostilité à l'égard du Maroc, un nouveau défi des Basques à Madrid. Ainsi, l'Etat espagnol dont la politique étrangère s'inscrit dans le cadre de la légitimité internationale, n'a jamais reconnu la prétendue RASD. Et, sachant la politique étrangère, qui comprend la reconnaissance des entités étrangères et la signature des conventions à caractère international, est une compétence exclusive du gouvernement central, l'on s'attend à ce que Madrid intervienne pour corriger un comportement politiquement irréfléchi et juridiquement illégitime de la part du gouvernement autonome basque. À signaler que, pour le moment, le gouvernement espagnol n'a pas encore communiqué sur cette affaire.