Le Pays basque vient d'opter, pour le première fois en trente ans, pour un gouvernement unioniste. Depuis le 7 mai, le gouvernement autonome du Pays basque est dirigé par un unioniste. C'est la première fois depuis 30 ans que cette région espagnole est gérée par un chef de gouvernement non nationaliste. Patxi Lopez, un socialiste basque, a été élu mardi 5 mai, président du gouvernement autonome par le Parlement local lors d'une séance qualifiée d'historique et qui a été retransmise par la majorité des chaînes de télévision que compte le royaume d'Espagne. Une large médiatisation qui se justifie amplement car, il s'agit de la première fois dans l'histoire de l'Espagne démocratique que la population basque choisit de se faire gouverner par un non nationaliste. Durant trois décennies, le Parti nationaliste basque (PNV) a maintenu son hégémonie sur le paysage politique de la région et durant toute cette période, la seule alternance qui s'opérait à la tête du gouvernement autonome était celle qui résultait du changement à la tête de ce parti. Le dernier chef du gouvernement de ce parti, Juan José Ibarretxe, entrera dans l'histoire comme étant le leader du PNV qui s'est fait détrôné par un non nationaliste. Pourtant, il avait une grande popularité au Pays basque et jouissait de beaucoup de sympathie de la part de la population basque. C'est quelqu'un qui a fait face au chef du gouvernement de droite, José Maria Aznar, durant la période la plus radicale de son gouvernement (2000-2004). Et pourtant, cette même population a choisi, à travers les urnes, de mettre fin à trente ans de discours indépendantiste. Un éditorialiste espagnol explique ce choix par une phrase : «la gente está harta» (Les gens en ont marre). En fait, l'erreur que l'ancien lehendakari (président du gouvernement basque) a été de vouloir pousser l'autonomie trop loin pour aller vers l'indépendance. Il a présenté deux projets de référendum d'autodétermination incluant l'option de l'indépendance et que l'ensemble de la classe politique espagnole a rejetés. Or, la population basque est consciente que le «Statut d'autonomie» (El Estatuto) dont bénéficie la région lui permet, grâce aux prérogatives élargies qu'il accorde au gouvernement local, de gérer ses affaires locales d'une manière autonome tout en bénéficiant de l'avantage d'avoir un Etat fort qui garantit la stabilité politique, la cohérence sociale, la prospérité économique et la sécurité interne et externe. Ce début d'abandon du séparatisme au Pays basque est annonciateur du déclin du «nationalisme borné» dont cette région espagnole représentait tout un symbole. Aujourd'hui, la tendance est à la confédération et non à la séparation. L'exemple basque devrait aujourd'hui servir de signal aux dirigeants du Polisario qui persistent encore sur la voie d'un séparatisme devenu obsolète dans un monde où même les Etats cherchent refuge dans des regroupements régionaux pour être à l'abri des effets de la mondialisation. Il ne faut surtout pas attendre encore trente ans pour qu'ils s'en rendent compte. Ce serait un crime contre la population sahraouie.