Salé a inauguré, samedi après-midi, son premier forum jeunesse. L'initiative du secrétariat d'Etat chargé de la Jeunesse veut convaincre les jeunes que leur vote construit l'avenir. «Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde, avec cette pluie ! ». Bouchaïb Bourhim, le délégué du secrétariat d'Etat chargé de la Jeunesse à Salé, est agréablement surpris en découvrant que la petite salle de la maison de jeunes de Tabriquet est archicomble, cet après-midi de samedi. Les jeunes de plusieurs associations de quartiers slaouis ont répondu présents au premier forum jeunesse qu'abrite la ville. S'ils sont là, il faut bien croire que leur participation à la politique, objet du forum, les intéresse de très près. Taoufik Bouâchrin, journaliste, Noureddine Zahi, sociologue, et Rachid Jermouni, professeur de philosophie, se sont vus confier la mission d'animer le débat qui sera consacré à l'état des lieux du champ politique marocain. Que dire à ce propos? Les intervenants sont revenus en arrière pour présenter le contexte et l'historique d'une politique qui est aujourd'hui très critiquée. Des partis trop éloignés de la société, inactifs, dissociés, préoccupés à défendre leurs propres intérêts… Les intervenants n'ont pas hésité à dénoncer ce qui ternit le champ politique marocain, mais aussi l'inconscience des citoyens face à cette situation qu'ils auraient pu changer. Seul bon point évoqué : la société civile qui tente de combler l'absence des élus. Les jeunes, en bonne majorité, en sont issus et qu'on le souligne, à l'occasion, est une sorte d'hommage qui leur est rendu. Le forum veut justement les convaincre de la force et de la bonne volonté qu'ils ont pour changer la politique en y participant. «Nous espérons que ce forum et ceux qui suivront vous pousseront, vous les jeunes, à voter», lance M. Bourhim à l'assistance pour qu'ensuite la parole lui soit cédée. Silence… Le temps de réfléchir et les demandes de prise de parole commencent et se multiplient. Déçus par des partis politiques quasi absents, révoltés contre des élus qui se contentent de restaurer les routes à l'approche des élections, les jeunes, tour à tour, prenaient le micro pour crier leur colère. «Nous, les jeunes, on nous méprise. Si on s'est éloigné de la politique, c'est tout simplement parce qu'on n'y a jamais trouvé des exemples et nous n'avons plus confiance en elle», répètent ces jeunes pour dire d'une autre façon qu'ils se sentent perdus. «Je suis technicien au chômage… bien sûr ! Il faut rappeler que le slogan des jeunes à Salé, c'est le chômage. Alors pour que ça change, il faudra commencer par communiquer au moins», déclare Abderrazzak. Ce jeune homme de 24 ans, encadrant à l'association «Bras unis» à Laâyayda, raconte qu'il a décroché son diplôme depuis une année et qu'il se consacre, depuis, entièrement à l'action associative pour ne pas se sentir inutile. «Nous ne voulons pas que vous soyez pessimistes face à la politique. Nous voulons que vous preniez conscience que votre vote pourra apporter des changements pour votre avenir et qu'il faut laisser de côté les clichés…», rétorquent les intervenants en insistant sur le fait que le vote représente un acte démocratique avant tout. Convaincus ? Les jeunes auront besoin de beaucoup de temps pour l'être vraiment. «Il faudra que les partis politiques viennent à notre rencontre, qu'on organise des visites dans leurs sièges… On veut sentir un lien de proximité avec la politique pour la comprendre et, ensuite, y participer», souligne Abderrazzak. Les forums, qui suivront celui-là, devront justement servir d'occasion à cette proximité en conviant les élus de la ville à discuter avec ses jeunes. Un dialogue qui risque d'être chaud, mais surtout décisif quant à la participation des jeunes aux prochaines législatives.