Le juge d'instruction près la Cour d'appel de Rabat vient de terminer l'audition des membres présumés du groupe Hassan Khattab. Yassine Ouardini, présumé émir militaire du groupe, nie tout ce qui lui est reproché. Dans les jours à venir, des confrontations auront lieu entre plusieurs prévenus. Le juge d'instruction près la Cour d'appel de Rabat a terminé, au début de la semaine en cours, les auditions des 57 membres présumés du groupe terroriste "Ansar Al Mahdi", démantelé début août 2006 dans plusieurs villes du Maroc. Selon une source judiciaire, interrogée par ALM, la tenue d'un procès ne sera toutefois pas pour bientôt vu qu'il faudra encore procéder à des interrogatoires détaillés des 57 prévenus. «Il sera également question, indique un avocat de la défense, d'effectuer une série de confrontations entre les prévenus surtout que la majorité d'entre eux ont nié, devant le juge d'instruction, les faits qui leur sont reprochés». C'est le cas notamment de Yassine Ouardini, l'un des soldats de la première base aérienne de Kénitra présenté comme étant l'émir militaire national de "Jamaât Ansar Al Mahdi". Ce dernier a nié tout ce qui avait été attribué par les enquêteurs : fabrication ou détention d'explosifs, planification d'actes terroristes ou encore d'attaques contre des cibles citées dans les procès-verbaux de la police. Selon l'avocat de Yassine Ouardini, «le dossier a été gonflé». Me Mohamed Sebbar précise son propos en déclarant : «je ne dis pas que le dossier a été fabriqué de toutes pièces, mais je parle de beaucoup d'exagération». Tout a commencé au début du mois d'août dernier lorsque les services de sécurité se sont intéressés de près au dénommé Hassan Khattab qui venait de quitter la prison après avoir purgé une peine de deux ans pour terrorisme. Ce dernier aurait repris son action de recrutement pour le "Jihad" en commençant par embrigader cinq militaires exerçant ou ayant exercé dans la première base aérienne des FAR à Salé (deux étaient partis à la retraite). Ce sont ces six éléments qui sont soupçonnés d'avoir formé le "noyau dur" de " Jamaât Ansar El Mahdi" avant d'être rejoints, plus tard, par d'autres dizaines de personnes résidant à Salé, Tétouan, Casablanca, Youssoufia, Sidi Slimane et Sidi Yahia du Gharb. Dans le lot, on retrouve quatre femmes dont deux mariées à des pilotes de ligne de la RAM (Royal Air Maroc), mais aussi trois éléments de la Gendarmerie royale. L'une d'entre elles, F.Z.R., alias "Oum Saâd", aurait été la principale source de financement du groupe puisque, d'après les premiers éléments de l'enquête, elle aurait avancé (de manière directe ou indirecte) près de 150.000 DH à Hassan Khattab. Le démantèlement de "Jamaât Ansar Al Mahdi" a donné lieu à une grande polémique entre quelques avocats de la défense et le Parquet. Les premiers (les avocats Abdelfettah Zahrach et Taoufik Moussaïf), dans des déclarations transmises en boucle par "Al Jazeera, avaient affirmé que le dossier «était monté de toutes pièces». Refusant de répondre aux convocations du Procureur général, ces deux avocats ont été entendus par la police judiciaire de Rabat.Les avocats de la défense se plaignent toujours de la "restriction" qui leur a été faite pour la consultation des dossiers des prévenus et l'obtention d'une copie de ceux-ci. Selon un avocat de la défense, à l'ouverture du procès, de nombreuses séances seront consacrées à l'étude de multiples requêtes pour vice de forme. Un procès qui promet.