Saisie mardi par le groupe parlementaire du parti Al Ahd, la Chambre des conseillers a exprimé sa solidarité avec le conseiller Yahya Yahya qui a été récemment tabassé par la police espagnole. Le conseiller du parti «Al Ahd» Yahya Yahya ne sera plus seul face à la police de Mélillia. Après avoir porté plainte devant un tribunal de cette ville occupée, le député a saisi mardi la Chambre des conseillers à propos de l'agression dont il a fait l'objet le 8 octobre de la part de la police nationale espagnole. Le premier vice-président de la deuxième Chambre, Mohamed Fadili (Mouvement populaire), nous a affirmé avoir en effet été saisi du «cas» de M. Yahya qu'il estime avoir été victime d'une «arrestation arbitraire et d'une agression brutale» de la part des services de la police nationale espagnole de Melillia. En qualifiant le comportement de cette police de «violation flagrante de toutes les conventions et les chartes internationales relatives aux droits de l'Homme» et de «dangereuse dérive dans le traitement d'un parlementaire marocain», M. Fadili a appelé le gouvernement à «déployer tous les efforts pour que le député agressé soit réhabilité». Même son de cloche chez le président du parti «Al Ahd», Najib El Ouazzani. «En tant que députés, nous dénonçons la bavure perpétrée par des éléments de la police de Melillia contre M. Yahya, membre de notre parti et membre de la Chambre des conseillers». «Imaginez, poursuit-il, un député espagnol agressé par la police de Rabat. Imaginez également que même après cette agression, ce député soit empêché de faire appel à l'assistance de son avocat. C'est simplement inadmissible», s'indigne le chef de file du parti «Al Ahd». L'histoire a commencé le 8 octobre dans la résidence de M. Yahya à Melillia. L'affaire a éclaté quand des voisins espagnols appellent des éléments de la police du Préside occupé pour porter plainte contre des nuisances sonores qui les auraient incommodés. En fait, M. Yahya avait une discussion à très haute voix avec sa femme. «Cela peut arriver à n'importe quel ménage d'avoir ce genre de discussions, c'est donc tout à fait naturel», explique M. El Ouazzani. Ce dont les voisins espagnols de M. Yahya ne voulaient pas. Toujours selon M. El Ouazzani, «ils avaient porté précédemment plainte contre lui pour la simple raison qu'il a fait venir, durant le mois sacré du Ramadan, des Tolbas pour psalmodier le Coran. L'affaire s'était déroulée sans encombre. Cette fois-ci, par contre, la police espagnole n'a pas laissé passer l'occasion pour administrer une «belle correction» à ce député marocain connu pour sa défense de la marocanité des Présides occupés de Sebta et Melillia». Un groupe de six éléments de la police nationale espagnole a ainsi été dépêché sur place. Objectif : embarquer M. Yahya vers le commissariat central de Melillia. Face au refus d'obtempérer de ce dernier, un des policiers lui aurait porté un violent coup de poing au niveau de l'œil gauche. Tombé à la renverse, ce dernier a perdu connaissance. En dépit de cela, les policiers lui ont passé les menottes pour l'emmener dans leur véhicule vers l'Hôpital «Comarcal» de Melillia. Il y est demeuré trois jours. L'état de ses blessures était si grave qu'il a dû recourir à une polyclinique pour se faire opérer de l'œil gauche. M.Yahya a eu une autre blessure au niveau de la région péri-ombilicale qui a nécessité trois points de suture. Malgré la gravité de son état, M.Yahya, Marocain né à Melillia, a fait le déplacement à Madrid pour tenir une conférence de presse sur la bavure policière dont il fut victime. Accompagné par le président du parti «Al Ahd», M. El Ouazzani, M. Yahya a livré son récit de la mésaventure qu'il a eue avec la police nationale espagnole de Melillia. Cette conférence s'est déroulée en présence de plusieurs activistes espagnols des droits de l'Homme, en sus de députés hollandais qui ont fait le déplacement d'Amsterdam pour soutenir M.Yahya qui est né d'une mère hollandaise. Lors de cette conférence, ce dernier a annoncé sa décision de porter plainte.