Autorités et habitants ont conjugué, dimanche dernier, leurs efforts pour éteindre l'incendie qui s'est déclaré dans une zone forestière de la commune rurale de Sidi Yahia, préfecture de Skhirat-Témara. Récit. Aït Ali Mohamed a l'air fier au milieu de ses hommes assis en tailleurs, sur un promontoire de la forêt «Béni Abid», à Sidi Yahia. Tel un soldat qui sort vainqueur d'une bataille, il médite en douceur sur l'histoire de sa brave lutte contre le feu. Celle de ses subalternes, mais aussi celle de «la tribu Chougran qui a fait preuve d'un remarquable esprit de combativité». Aït Ali Mohamed, technicien principal au Haut commissariat aux eaux et forêts, est admiratif. «Dès que les habitants ont pris connaissance de l'incendie, ils ont accouru vers la forêt, en grand nombre, pour nous aider à éteindre le feu», relate-t-il. «D'aucuns ont amené des tracteurs, d'autres, des pioches et des pelles et se sont mis à creuser des fossés aux alentours de la forêt dans la tentative de circonscrire le feu», explique-t-il. Les premiers secours ont d'abord été ceux de la population ; puis après l'alerte déclenchée par les services de contrôle, les autorités ont mobilisé de gros moyens pour venir à bout de l'incendie. Tout a commencé à 10h45 quand un guetteur, perché sur un mirador de 42 mètres au-dessus de la forêt, a constaté l'apparition d'une colonne de fumée. Même constat fait par une équipe qui patrouillait à «Ras Dissa», située à une dizaine de kilomètres de l'endroit incendié. La vigilance est de mise ce dimanche-là, jour de chasse. La réactivité, aussi. Les services chargés de surveillance n'ont pas tardé à tirer la sonnette d'alarme. A midi, près d'une heure après que les autorités aient été informées, un total de huit canadairs se sont engagés tout au long de l'après-midi, contre le feu qui dévastait le tapis herbacé de la forêt « Béni Abid », ainsi que des centaines d'arbustes du couvert forestier qui s'étend sur une superficie de 16.000 hectares. «En plus de la couverture aérienne, un important dispositif de secours s'est déployé sur le terrain», affirme Aït Ali Mohamed. «Je veux parler de la Protection civile, qui a dépêché trois camions aux différents endroits de la région (Témara, Aïn Aouda, Rabat), épaulés par les Forces Armées royales, la Gendarmerie Royale et les services du Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification», énumère-t-il. Et d'ajouter que «cette forte mobilisation a permis d'éteindre le feu en l'espace de sept heures», bien avant le coucher du soleil. Malgré les efforts déployés pour limiter les dégâts, l'incendie a laissé des traces dévastatrices sur le couvert de «Béni Abid». Une grande superficie du tapis herbacé de la forêt a été rasée, causant des dégâts importants pour un domaine constituant le «poumon» de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. En plus de sa valeur écologique et esthétique, la région regorge d'espèces animales uniques tels que le sanglier, la gazelle, le perdrix… Autant de butins qui attirent les amateurs de chasse de différents endroits de la région, et même au-delà. Cette «ruée», enregistrée en cette période propice à la chasse, est source d'inquiétude pour les services forestiers. D'ailleurs, certains n'ont pas exclu que l'incendie de dimanche soit «l'œuvre» d'un braconnier.