36 heures après le coup d'Etat mené par les militaires thaïlandais qui ont obtenu le soutien du roi Bhumibol Adulyadej, la vie à Bangkok a repris son cours normal. Accusé de corruption depuis quelques mois, le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra refusait de démissionner. Mais dès son départ vers New York pour assister à l'assemblée générale de l'ONU, l'armée s'est emparée du pouvoir. Les militaires ont renversé le gouvernement, décrété la loi martiale et pris le contrôle de plusieurs chaînes de télévision. Jeudi matin, le roi Bhumibol Adulyadej a donné sa bénédiction aux putschistes en nommant leur chef, le général Sondhi Boonyaratkalin, au poste de chef du Conseil de gouvernement. Cette initiative donne ainsi une légitimité au nouveau Conseil de la réforme administrative formé par les militaires. Le Premier ministre déchu, Thaksin Shinawatra, âgé de 57 ans, a dirigé le pays depuis 2001. Il était connu comme un patron à poigne, mais son style et sa manière ont vite indisposé la population. Pour un homme qui tenait à son poste, le choc a été rude! «J'étais Premier ministre lorsque je suis arrivé et je me retrouve sans emploi à mon retour», s'est-il indigné devant la presse qui l'accompagnait dans l'avion. Après s'être emparée du pouvoir, l'armée thaïlandaise qui attend toujours son retour de pied ferme, avait suspendu toute activité pour maintenir l'ordre. La capitale thaïlandaise a désormais retrouvé son rythme effréné de tous les jours. Hôpitaux, banques, écoles et édifices publics ont rouvert, et le nombre de chars devant le siège du gouvernement a été réduit. Les auteurs du coup d'Etat ont déclaré que l'ancien Premier ministre pouvait réintégrer la Thaïlande, mais qu'il aurait à faire face aux accusations soulevées contre lui, pour fraudes électorales. Pour sa part, Thaksin Shinawatra a demandé des élections rapides. Il a ajouté qu'il allait «prendre un repos politique mérité». Cette prise de pouvoir soudaine a suscité beaucoup de réactions dans la presse internationale et surtout la presse asiatique. En effet, les journaux asiatiques ont, tous, condamné le coup d'Etat et l'ont qualifié de «terrible revers pour la démocratie». Ce putsch a eu un impact direct sur l'économie thaïlandaise. La nervosité était perceptible à la Bourse de Bangkok qui a chuté de 4 %, avant de remonter pour s'établir sur une baisse de -1,1%. Ayant pris les rênes du pouvoir, les militaires se disent déterminés à mener la Thaïlande vers une situation meilleur. Ils se sont engagés à désigner un nouveau Premier ministre dans un délai de deux semaines. Ils ont aussi prévu de rédiger une nouvelle Constitution et d'organiser de nouvelles élections législatives.