Lors d'une journée d'études mercredi à Kénitra, un appel a été lancé pour renforcer le contrôle et l'observation des mouvements des oiseaux migrateurs qui transitent par le Royaume. Le spectre de la grippe aviaire refait surface au Maroc. En ce début d'automne, anti-chambre de l'hiver, les oiseaux migrateurs en provenance de l'Europe occidentale trouvent un refuge idéal au Maroc. La première vague de ces «oiseaux lugubres» aurait déjà mis pied dans la région du Luxus (Larache, Moulay Bousselham et régions), la réserve de Sidi-Boughaba (Kénitra), la région de Sidi Moussa (El Walidia) et les bassins de Souss-Massa-Draâ, suscitant encore une fois la crainte de contamination par le redoutable virus H5N1. D'où l'appel à la vigilance qui a été lancé à Kénitra mercredi, lors d'une journée d'études initiée par le Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Le contrôle et l'observation des mouvements des oiseaux migrateurs doivent être renforcés pour parer à tout risque d'infection et de contamination par le virus (maudit). L'année dernière, un comité interministériel sur la grippe aviaire avait décidé le confinement de la volaille (poulets et dindes) dans un rayon de trois kilomètres de zones humides, après la découverte de 336 oiseaux morts autour de Dayat Roumi (près de Khémisset). Cette découverte, faut-il le rappeler, a suscité de graves inquiétudes chez les éleveurs de volailles mais aussi et surtout une population désemparée face à «l'attentisme» des autorités de tutelle. Les discours officiels qui se voulaient rassurants n'étaient pas pour apaiser les craintes des citoyens, et encore moins les inquiétudes des professionnels d'un secteur qui a enregistré de lourdes pertes. Face à cette crise, il a fallu que le Premier ministre Driss Jettou, accompagné de caméras, prenne un repas à base de poulet dans une ferme de Kénitra pour que les citoyens retrouvent le chemin des marchés à la volaille. Mais la peur de la contamination n'a pas tardé à revenir, au gré des rumeurs sur la déclaration de cas de grippe aviaire dans différentes régions du Royaume (Dayat Aoua, Benslimane, etc). Cette année, la psychose restera de mise. D'autant plus que le Royaume s'apprête à « accueillir » en ce début de saison près de 500.000 oiseaux représentant quelque 200 espèces, en plus d'autres oiseaux qui transitent par le Royaume vers l'Afrique subsaharienne. Pour plusieurs observateurs, il serait étonnant que le Maroc, carrefour des flux migratoires d'oiseaux entre le nord et le sud, soit resté «miraculeusement» indemne de la grippe aviaire. Les autorités sont appelées à faire preuve de «réalisme» pour conjurer toute éventualité d'infection et de propagation du virus. «L'adoption d'une stratégie préventive et la mise en place de dispositifs d'intervention d'urgence en cas d'alerte sont aujourd'hui une nécessité», ont souligné les participants à la journée d'études. La nécessité d'engager un travail en synergie entre les différents opérateurs, du secteur public ou privé, a également été soulignée. Par ce travail, sont concernés non seulement les autorités de tutelle, mais aussi les universitaires, les acteurs associatifs, les vétérinaires, etc. Il s'agit de faire bloc dans cette lutte qui s'annonce aussi rude que la prochaine saison de l'hiver.