Juan Goytisolo vit à Marrakech depuis des années. L'écrivain catalan s'est exilé «pour ne pas servir», fut-ce indirectement, le régime de Franco. La Fondation des trois cultures vient de lui rendre hommage. La Fondation des trois cultures a rendu un hommage particulier au grand écrivain espagnol Juan Goytisolo. Cet événement s'est déroulé le lundi 11 septembre à Marrakech à l'occasion de la rencontre-débat sur l'alliance des civilisations et l'Alliance des valeurs. Les intervenants, parmi eux la déléguée de Palestine auprès de l'Union européenne, Leila Chahid, le président du Groupe espagnol Prisa ont donné chacun leur perception de l'alliance des cultures et des civilisations. Ils étaient unanimes à observer que le seul garant de la paix et du progrès, c'est bel et bien cette interaction féconde des cultures et civilisations Durant cette rencontre, les participants ont plaidé pour un contact et une ouverture permanente entre les civilisations. Ainsi, Juan Goytisolo préfère évoquer l'alliance des valeurs plutôt que celle des civilisations, car ce dernier concept sous-entend, pour cet écrivain, une logique de confrontation, de force ou de suprématie. Selon les interventions relayées par la MAP, lorsqu'on parle de valeurs partagées par l'humanité, cela implique par ailleurs, un rapprochement progressif des positions et intérêts sur des questions communes, ainsi qu'une reconnaissance du fait que nous partageons le même destin. L'objectif de cette rencontre est de faire converger les points de vue dans le cadre d'une idéologie globale qui fait prévaloir la force de la raison et non pas la raison de la force. Jean Daniel, directeur du Nouvel Observateur, a estimé pour sa part que «le 21e siècle sera marqué par les problèmes posés par la conciliation entre la diversité des cultures et l'universalité des valeurs, car cette conciliation implique un minimum global partagé et un entendement sur des principes communiste». «Avec cet hommage, justice est rendue à Juan Goytisolo", un écrivain, dont l'engagement à défendre la cause des peuples opprimés, sa dénonciation des injustices et sa mise en valeur de l'apport considérable de la civilisation arabo-musulmane à la pensée européenne et universelle, font de lui un intellectuel humaniste» témoigne Jean Daniel. La déléguée de la Palestine auprès de l'Union européenne, Leila Chahid, a comparé Goytisolo et son œuvre à un regard venant de l'autre côté de la rive de la Méditerranée s'intéressant au monde arabe par souci de contribuer à l'édification plurielle de la culture méditerranéenne. «Au moment où la peur de l'Autre est le sentiment majeur qui alimente l'opinion publique dans les deux rives, Juan Goytisolo apporte, par ses écrits, une bouffée d'oxygène, car il œuvre à rechercher dans sa culture des points communs avec la culture musulmane», a-t-elle rappelé. Juan Luis Cebrian, président du Groupe espagnol Prisa éditeur d'El Pais, a appelé à rechercher les valeurs communes en adoptant une démarche fondée essentiellement sur l'exercice des libertés individuelles et le respect de l'autre. Cet hommage intervient en reconnaissance de l'engagement indéfectible de cet écrivain espagnol pour le rapprochement des cultures