Un projet de décret veut rétablir le droit d'importation de certains médicaments à 32,5% au lieu de 2,5% appliqué depuis 2003. Une mesure de l'industrie pharmaceutique nationale en attendant la libéralisation prévue à l'horizon 2010. L'industrie pharmaceutique veut profiter des quelques années qui la séparent du démantèlement des barrières douanières prévu à l'horizon 2010. Un projet de décret qui sera examiné par le Conseil de gouvernement de ce jeudi 31 août le lui permettra. Il prévoit, en effet, une augmentation du droit d'importation de certains médicaments, après sa baisse il y a seulement trois années. «Afin de prémunir le secteur pharmaceutique contre une éventuelle importation massive de médicaments similaires à des taux avantageux au titre du droit d'importation tout en réduisant la protection effective de la production locale, il est proposé de rétablir le droit d'importation au taux de 32,5 % sur certains des médicaments, objet du décret n°2-03-123 », relève-t-on dans la note de présentation relative à ce projet de décret. En effet, le décret n° 2-03-123 du 22 mai 2003, prévoyait de ramener le droit d'importation de 40 à 2,5 % sur certains médicaments. Il s'agissait de produits pharmaceutiques nouveaux et coûteux efficaces principalement dans le traitement des affections liées à la cardiologie, l'endocrinologie, l'infectiologie et la neurologie. Ce projet de relèvement des barrières douanières est censé être favorable à l'industrie nationale. «Le décret de 2003 concernait seulement les médicaments en provenance d'Europe», tient à préciser Omar Tazi, président de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP) qui avoue, néanmoins ne pas être au courant des détails du projet de décret soumis au Conseil de gouvernement. Selon la note de présentation de celui-ci, «depuis l'entrée en vigueur de la réduction des droits de douane, il a été observé une recrudescence de l'importation de certains médicaments, taxés à 2,5 % et dont il existe des produits similaires fabriqués localement, ce qui risque de porter préjudice à l'industrie pharmaceutique locale». D'après M. Tazi, la décision gouvernementale constitue donc «une mesure de soutien pour le secteur pharmaceutique national. C'est une petite protection pour l'industrie locale, il faut donc applaudir et profiter de ces quelques années qui nous séparent de 2010, date de démantèlement des barrières douanières». Le président de l'AMIP précise que « 30 % des médicaments consommés au Maroc sont importés et 70 % sont produits localement ». Quel incident le relèvement des barrières douanières aura-t-il sur le consommateur ? M. Tazi ne veut pas s'avancer outre mesure. «C'est le ministère de la Santé qui est le principal acteur en matière de prix», précise-t-il en substance. Ce département est également l'un des plus gros consommateurs de médicaments au Maroc. Toute décision touchant aux prix ne peut donc qu'avoir un impact sur son budget, à moins qu'il ne la répercute directement sur ceux des usagers des hôpitaux publics et autres centres de soins. Le renchérissement des droits d'importation, prévoit toutefois une exception : « maintenir le taux de droit d'importation minimum de 2,5 % sur certaines spécialités médicales nécessaires pour la pratique de nouvelles thérapies». La concrétisation de cette mesure nécessitera un réaménagement de la nomenclature tarifaire établie par l'Administration des douanes et impôts indirects relevant du ministère des Finances et de la Privatisation.