Le siège du Conseil législatif palestinien a été le théâtre hier de violentes manifestations contre l'aggravation du chômage. Depuis l'arrivée au pouvoir du mouvement islamiste Hamas, ce fléau, qui se situait autour de 70%, s'est dangereusement exacerbé. Le sit-in qui s'est déroulé hier à Gaza a dégénéré en violente manifestation. Plusieurs centaines de chômeurs ont pris pour cible le siège du Conseil législatif palestinien (CLP) et ont brisé les vitres du bâtiment. La situation risque de s'aggraver, d'autant plus que le gouvernement du Hamas n'offre aucune alternative au chaos financier qui règne dans les territoires palestiniens. Le cabinet d'Ismaël Hanyieh est appelé à trouver non seulement des postes pour remédier au chômage dont le taux aurait dépassé le seuil de 70%, mais aussi (et surtout) de l'argent pour payer ceux qui ont un emploi, mais qui ne touchent toujours pas leurs salaires. Quelque 160.000 fonctionnaires de l'Autorité palestinienne n'ont pas été payés depuis mars dernier. Le ministre des Finances, Omar Abdelrazek, placé en garde à vue jusqu'au 17 septembre par un tribunal israélien, n'a pas de solution-miracle à proposer. Le gouvernement du Hamas est toujours boycotté et privé d'aides financières par l'Occident, notamment l'Europe, principal donateur de subsides au peuple palestinien avec quelque 500 millions d'euros par an, ainsi que les Etats-Unis (300 millions de dollars). Pour compenser la suspension des aides occidentales, plusieurs pays arabes, en plus de l'Iran, avaient certes annoncé des subventions d'urgence à destination des territoires palestiniens. Téhéran avait promis 50 millions de dollars, Riyad, 92,5 millions, et le Qatar, 50 millions, mais par peur des sanctions américaines, les banques arabes refusent toujours de verser les sommes promises à l'Autorité palestinienne. Pour payer les 160.000 fonctionnaires, le gouvernement du Hamas a besoin de 160 millions de dollars par mois. Un montant hors de sa portée, compte tenu du refus des donateurs d'alimenter les caisses vides de l'argentier Omar Abdelrazek et du blocus sans faille imposé par Israël qui a, entre autres, procédé au gel de tous les avoirs palestiniens. Le président Mahmoud Abbas a tenté, sans succès, de convaincre l'UE de la nécessité, voire de l'urgence d'octroyer une «aide de survie» pour éviter ce qu'il a appelé, lors de sa dernière visite en France, une véritable « catastrophe». Le gouvernement du Hamas, qui n'a toujours pas changé de position à l'égard de l'Etat hébreu, n'as pas de réponse concrète à apporter pour éviter le pire. Pressé par une opinion publique de plus en plus agacée par l'attentisme du gouvernement islamiste, Ismaël Hanyeh accuse les Etats-Unis et Israël de vouloir déstabiliser son gouvernement en lui coupant les vivres. Les agressions que mènent quotidiennement les «robocops» de Tsahal viennent rappeler la souffrance de ce peuple-martyr, en proie aux intimidations et aux humiliations de toutes sortes. Pas plus tard qu'hier, neuf civils sans défense ont été blessés dans un raid israélien à Gaza. Le peuple palestinien se trouve ainsi pris entre le marteau de la politique punitive de l'Etat hébreux et l'enclume d'un mouvement islamiste trop peu inspiré pour soulager ses souffrances.