La riposte israélienne, implacable et sans merci, embrase les territoires. Sharon trouve là un pretexte pour liquider l'Autorité palestinienne. Le début de la fin a commencé. Ariel Sharon a ceci de si particulier. Dès qu'il lance une menace, il la met à exécution. Surtout que ses menaces sont, bien entendu, sanguinaires. Dimanche 2 décembre alors qu'il se trouvait aux Etats- Unis, il avait annoncé que les mesures de représailles les plus dures seraient prises dès son retour à Tel Aviv, après les attentas de Jérusalem et de Haïfa, du week-end et qui ont fait 26 morts israéliens. Lundi dernier, en début d'après-midi, l'armée israélienne a pris pour cible des symboles du pouvoir du Président palestinien Yasser Arafat, qu'il tient pour responsable de la poursuite des attentats et considère désormais comme un "obstacle" à la paix. L'avion du Président palestinien, ainsi que la piste de l'aéroport de Ghazza ont été endommagés. Tout comme trois hélicoptères de l'autorité palestinienne utilisés par Arafat pour ses déplacements entre Ghaza et la Cisjordanie. Et comme à l'accoutumée, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a déclaré peu après les raids que Arafat était "directement responsable de tout ce qui se passe. Il est le "plus grand obstacle à la paix et à la stabilité au Proche-Orient". Au fait, il était bien prévisible que la situation s'aggrave et que les chances de paix s'amenuisent au Proche-Orient depuis l'élection d'Ariel Sharon, par le suffrage universel, chef du gouvernement israélien. ce dernier s'appuie sur les extrémistes de droite. Sa marge de manœuvre est presque réduite à néant. Rappel de quelques faits ayant marqué cette année le gouvernement Sharon. Début décembre 2000, Ehud Barak, le chef du gouvernement travailliste démissionne. Les élections ont eu lieu le 6 février dernier. Un gouvernement d'union nationale est à l'ordre du jour. Un débat s'engage sur l'opportunité d'abroger la loi prévoyant l'élection du premier ministre au suffrage universel direct. Le 21 décembre, le parti Meretz (gauche du parti travailliste) refuse d'accorder l'investiture à Shimon Pérès pour les élections législatives anticipées. Le 6 février, Ariel Sharon est élu Premier ministre d'Israël avec 62,5 % des voix (pour un taux de participation de 62 % dans un pays où, habituellement, 80 % des inscrits viennent voter. Dès la publication des résultats, Ehud Barak annonce qu'il va abandonner son mandat de parlementaire et ses responsabilités à la tête du Parti travailliste. A soixante-treize ans, le chef de la droite israélienne Ariel Sharon est investi, le 7 mars, Premier ministre d'un gouvernement d'union nationale par le Parlement. Le 29ème gouvernement d'Israël vingt-six ministres et douze vice-ministres - le plus nombreux dans l'histoire du pays, est soutenu par une coalition de huit partis lui assurant une majorité d'au moins 73 députés sur 120 à la Knesset. Quatre jours après son investiture, l'armée israélienne impose un blocus total de Ramallah en bloquant tous ses accès par des barrages. Le 28 septembre, Ariel Sharon se rend sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem. Le lendemain, ce sont les premiers heurts, les premières victimes et le début de la crise. Des affrontements auxquels l'accord oral de Charm El Cheikh des 16 et 17 octobre n'a pas pu mettre fin. Un accord, rappelons-le, évasif et qui se contente de généralités, sans modalité aucune d'application, il préconisait en fait la fin de la violence, la mise en place d'une «commission d'enquête» sur les affrontements et reprise des négociations dans le cadre du processus de paix. Depuis, le cycle de la violence a repris de plus belle. Aux massacres de Palestiniens répondent des attentats suicide contre l'armée ou les colons israéliens. Tout a été mis en marche pour minimiser toute chance de paix. Le processus lancé à Madrid en 1991 n'est plus qu'un vague souvenir. Et la machine de guerre est bien en roue libre. Ni le Sommet arabe du Caire, tenu les 21 et 22 octobre en présence de quatorze chefs d'Etat arabes. Ni les rencontres entre Arafat et Shimon Perès, ni les nombreuses médiations internationales n'ont pu mettre un terme à cette violence aveugle. Même pas parvenir à une accalmie. Aujourd'hui, et plus que jamais, après les centaines de morts palestiniens, et après les attaques contre les symboles de l'autorité autonome, personne ne peut savoir où tout cela peut mener. Pour Sharon, la déclaration de guerre à Arafat est bien motivée. Et Washington a appelé ce dernier à déployer les efforts nécessaires pour arrêter la violence. Une manière de le tenir pour responsable de l'escalade actuelle dans la région.