Les voies de la diplomatie étant impénétrables, le Tsahal lance une offensive terrestre d'envergure dans le pays du cèdre. La machine diplomatique fonctionne à plein régime, mais n'avance pas. Les diplomates s'embourbent, pataugent et n'arrivent toujours pas à trouver une porte de sortie. En effet, l'heure française n'est pas l'heure américaine. Et au Liban, jouer la montre c'est faire le plus grand nombre de morts possibles. Le président français Jacques Chirac avait averti qu'en cas de blocage, Paris pourrait faire cavalier seul et déposer son propre texte. Cependant, la France n'ira pas au Liban sans conditions : d'abord, un cessez-le-feu, puis un déploiement d'une force internationale équilibrée avec une mission et un calendrier précis. L'Hexagone ne veut surtout pas tomber dans le piège libanais. L'Etat hébreu, lui, s'y engouffre. Jeudi matin, l'heure était à une grande opération israélienne avec artillerie et fantassins. On est donc loin de la fin ! Dans le sud du pays, de violents combats ont opposé l'armée israélienne aux miliciens du Hezbollah dont la résistance ne faiblit pas. Israël assure cependant qu'il n'a pas encore lancé les opérations plus étendues à l'intérieur du territoire libanais, décidées mercredi par le cabinet de sécurité, officiellement pour donner une chance d'aboutir, aux difficiles tractations à l'Onu pour un règlement du conflit qui a éclaté le 12 juillet. Les blindés israéliens sont partis jeudi à l'assaut de Khiam, un bastion du Hezbollah, et ont pris le contrôle de la ville voisine de Marjayoun. Les colonnes israéliennes ont progressé, dans la nuit, de sept kilomètres en territoire libanais et sont parvenues aux portes de Khiam. De violents combats les opposent au Hezbollah à l'entrée ouest de la ville. Un communiqué de la formation chiite a affirmé avoir détruit sept chars israéliens. Une colonne israélienne a également pris le contrôle de la ville de Marjayoun, à 10 km au nord-ouest de Khiam, selon la police. Une colonne de blindés, appuyée par des tirs d'artillerie, a affronté toute la nuit les tirs de roquettes antichars des miliciens chiites, alors que Khiam était pilonné par les bombardiers israéliens. Le Hezbollah a de facto confirmé la percée de Tsahal en affirmant que ses "combattants mènent d'âpres combats" à Khiam avec les unités israéliennes "faisant des morts et des blessés". Des roquettes tirées par la milice chiite ont atteint jeudi un village arabe d'Israël tuant un nourrisson et sa mère et blessant deux autres personnes. Sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité des Nations Unies tentait toujours de trouver un accord sur une résolution visant à mettre fin au conflit. La France et les Etats-Unis, coauteurs de la proposition originale, n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la prise en compte des demandes libanaises, et pourraient présenter deux projets de résolution concurrents. Beyrouth, qui estimait que le texte original était trop favorable à Israël, a notamment proposé de déployer 15.000 soldats libanais dans le Sud-Liban si Israël se retire immédiatement après la conclusion d'un cessez-le-feu. Une proposition à laquelle le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est déclaré favorable. Nasrallah promet un cimetière pour les forces israéliennes Hassan Nasrallah a déclaré que le Hezbollah transformerait le sol libanais en cimetière pour les troupes israéliennes au Sud Liban. Il s'est dit favorable également au déploiement de troupes libanaises. Or, auparavant, il avait toujours refusé énergiquement une telle perspective. Le discours de Nasrallah a été suivi par de nombreux Libanais à Beyrouth où les résidents ont continué à rendre hommage aux victimes de la guerre en allumant des centaines de bougies. Au moins 1064 personnes ont péri depuis le début du conflit au Liban.