Menace sur l'accord de pêche signé entre le Maroc et l'UE. La procédure d'urgence pour sa ratification a été rejetée récemment par le Parlement européen à cause de l'inclusion des eaux sahariennes. Driss Jettou et Mohamed Benaïssa ont réagi après coup… Ce sont deux Etats hostiles à l'intégrité territoriale du Maroc qui assurent la présidence de l'Union européenne. L'Autriche dont le mandat arrive à terme le 30 juin et la Finlande qui prendra le relais juste après pour une période de 6 mois. Le premier pays a déjà montré l'ampleur de son soutien au Polisario notamment sur l'affaire de l'accord de pêche (signé entre Rabat et l'UE en juillet dernier) dont la procédure d'urgence pour sa ratification a été rejetée mardi 4 avril par le Parlement européen (53 voix pour, 127 contre et 2 abstentions) pour cause d'inclusion des eaux sahariennes. Cette procédure a été demandée par le Conseil de l'Europe en vue de permettre son entrée en vigueur dès le 1er mai prochain. Raté. Ayant réussi à fédérer autour d'elle les pro-Polisario, le chef de file de cette opposition farouche comprenant aussi la Grande-Bretagne, qui milite pour la suppression de la zone du Sahara de l'accord en question, est une Eurodéputé autrichienne du nom de Karine Scheele. C'est vraisemblablement pour faire revenir l'Autriche à de meilleurs sentiments envers l'accord de pêche que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Mohamed Benaïssa s'y est rendu visiblement en catastrophe le jeudi 6 avril juste après son retour d'une mission dans le Golfe. Même objectif de Driss Jettou, rentré vendredi 7 avril de son voyage urgent en Suède et en Finlande où il a essayé de suppléer les défaillances de l'appareil diplomatique marocain en jouant les agents économiques. Deux pays scandinaves, en plus de la Norvège et du Danemark, à la pointe de la défense des thèses séparatistes, qu'il s'agissait de convaincre de la justesse de la cause nationale dans l'espoir qu'ils changent d'avis sur l'accord de pêche. Pendant ce temps, le ministre délégué aux Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri se trouvait en Chine ! “ On savait l'hostilité d'un certain nombre de pays européens notamment scandinaves envers l'accord de pêche en particulier et l'intégrité territoriale du Royaume en général mais l'appareil diplomatique marocain n'a rien entrepris pour faire pencher la balance en sa faveur“, déplore un observateur. D'où l'impression donnée par le Maroc d'être constamment à la peine, en train de courir pour rattraper les ratages et les déconvenues au lieu de faire preuve d'initiative et d'anticipation. Un armateur national voit les choses sous un autre angle : “ Ce sont les autres pays européens pro-marocains qui doivent se mobiliser pour défendre l'effort de pêche y compris dans le Sahara . La diplomatie marocaine n'a pas à bouger pour un accord qui profite d'abord et surtout à l'UE“. En tout cas, le tournant est là. En effet, c'est la première fois qu'un débat a eu lieu autour de l'accord de pêche Maroc-UE au Parlement de Strasbourg. Les détracteurs du texte sont décidés à y introduire des amendements, lors de la prochaine session prévue en mai, dans le sens qui préserve “les eaux territoriales sahraouies“. Dans ce cas, très préjudiciable aux intérêts du Maroc, c'est l'ensemble du document qui deviendrait caduc. Il faudrait alors revenir à la case départ pour -s'il y a lieu- de nouvelles négociations étant entendu qu'un accord de pêche vidé de sa substance politique, à savoir l'aspect du Sahara, perd du coup son intérêt. Cela dit, les partisans de l'accord tel qu'il a été signé, notamment les Espagnols et les Portugais qui en sont les principaux bénéficiaires, auront-ils assez de ressource pour inverser le rapport de forces ?