Une délégation marocaine, composée de représentants de plusieurs ministères, s'est entretenue avec des négociateurs américains sur l'Accord de libres-échanges. Le Maroc souhaite une "ouverture graduelle" de son marché aux produits américains. Le quatrième round des pourparlers pour l'instauration d'une zone de libre-échange (ZLE) entre le Maroc et les Etats-Unis a débuté en début de semaine, à Washington. Taïeb fassi Fihri, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, et interlocuteur unique sur ce dossier, a déclaré que "les négociations ont fait d'importants progrès". Le Maroc compte beaucoup sur cet accord pour soutenir le processus de développement du pays. Toutefois, comme dans toute négociation, chaque partie va tenter de tirer le maximum de profit de cet accord. Les rapports de forces sont, certes, inégaux, mais les négociateurs marocains ont fait savoir à leurs partenaires américains que bon nombre de secteurs au Maroc revêtent une importance stratégique pour le pays. C'est le cas en particulier du secteur agricole dont vit, directement, la moitié des Marocains. A plusieurs reprises, les responsables marocains ont affirmé que «le Maroc souhaite conclure un accord de libre-échange avec les Etats-Unis qui tiennent compte des aspirations et des contraintes marocaines». Pourtant, Robert Zoellick, le représentant des Etats-Unis au Commerce extérieur, avait déclaré lors du premier round des négociations à Washington, le 21 janvier 2003, que "cet accord permettra de créer des opportunités économiques au profit des agriculteurs, des travailleurs et hommes d'affaires américains". La partie n'est donc pas gagnée d'avance pour le Maroc. C'est la raison pour laquelle le Maroc souhaite opérer "une ouverture graduelle" de son marché. Les secteurs les plus sensibles bénéficieront donc d'un temps d'adaptation. La signature d'un accord définitif, espérée avant la fin de l'année 2003, conduira à la disparition des barrières douanières entre les deux pays. Théoriquement, tous les produits et les services seront concernés. Catherine Novelli, chef des négociateurs américains dans ce dossier, a déclaré en marge du 4ème round que "la conclusion de l'accord ferait du Maroc une plate-forme régionale pour l'investissement et le commerce, compte tenu de la situation du pays au carrefour du Moyen-Orient, de l'Afrique subsaharienne et de l'Europe". L'ambassadrice des Etats-Unis à Rabat, Margaret Tutwiler a, quant à elle, indiqué que la conclusion d'un accord de libre-échange avec le Maroc servirait l'intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis. Les négociations sont axées autour de 11 pôles: accès aux marchés, textile, agriculture, douane, marchés publics, services, propriété intellectuelle, environnement, questions sociales et juridiques. A ceux-là, s'ajoutent deux autres groupes ne faisant pas l'objet de négociation à proprement parler: la coordination, l'information et la communication. Ce dernier pôle est chargé de la promotion de l'accord à travers la sensibilisation des opérateurs économiques marocains et américains. A noter que les Américains ont émis plusieurs exigences lors de leurs négociations, concernant l'environnement des affaires. Sur ce point, les Marocains semblent confiants. L'adoption du code du travail et les réformes qui verront bientôt le jour, essentiellement en matière de Justice, sont autant de mesures attrayantes pour l'investisseur étranger et américain en particulier. Rappelons que l'instauration d'une ZLE entre le Maroc et les Etats-Unis a été décidée par les deux chefs d'Etat, SM Mohammed VI et le Président George W. Bush, en avril 2002, dans la capitale américaine. Les Etats-Unis ont déjà signé des accords similaires avec, entre autres, le Canada et le Mexique (ALENA) ainsi qu'Israël (1985), la Jordanie, le Chili et bientôt Singapour. D'autres Etats d'Afrique et d'Amérique centrale sont en passe d'ouvrir des négociations pour une zone de libre-échange avec le pays de l'Oncle Sam.